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mesures photométriques ; l’unité de mesure adoptée est la lumière d’une lampe Carcel, dont le bec a 20 millimètres de diamètre, et qui brûle 40 grammes d’huile de colza, par heure.

Si les rayons émanés des phares se propageaient dans le vide, il serait facile de calculer la portée d’un feu quelconque. Il suffirait de savoir à quelle distance un feu, d’une intensité donnée, peut être aperçu par une personne douée d’une vue ordinaire, pour évaluer la distance correspondant à un feu d’une intensité différente. Mais l’atmosphère concourant avec la distance à l’affaiblissement des rayons lumineux, et cela plus ou moins suivant la quantité de vapeur d’eau qu’elle contient, l’évaluation de la portée d’un feu devient beaucoup plus difficile. Elle échappe même à toute mesure précise, par suite de l’extrême variabilité de l’atmosphère, combinée avec une variabilité non moins grande de la puissance visuelle chez les différents observateurs.

Par des procédés de calcul et des constructions graphiques qu’il serait oiseux d’approfondir, on est cependant parvenu à dresser un tableau qui donne les intensités lumineuses sur lesquelles on peut compter dans la pratique, et les portées correspondantes, dans trois états de l’atmosphère, définis par des coefficients numériques.

Quant à la portée géographique d’un feu maritime, elle dépend, non-seulement de sa hauteur au-dessus du niveau de la mer, mais encore de la valeur de la réfraction atmosphérique.

À mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère, les couches d’air deviennent plus légères. Les rayons lumineux émanés du phare sont donc successivement réfractés : au lieu de se propager en ligne droite, ils décrivent des courbes dont la concavité regarde la terre. Le résultat de cette circonstance, c’est que la portée géographique des rayons est augmentée.

En adoptant une moyenne pour la réfraction atmosphérique et pour le rayon de courbure du méridien sur toute l’étendue de nos côtes, on a déduit d’une formule simple toutes les portées correspondant à des feux élevés depuis 1 jusqu’à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces portées diffèrent suivant l’altitude de l’observateur ; elles ont été calculées pour les diverses altitudes de 3, 6, 9, 12, 15 et 20 mètres.

En consultant le tableau dressé à cet effet, on voit, par exemple, que la portée d’un feu situé à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer est de 68 551 mètres, ou environ dix-sept lieues, pour un observateur placé à une altitude de 12 mètres. Si celui-ci s’élève à 20 mètres, la portée augmente de près de 4 kilomètres.


CHAPITRE VI

combustibles en usage pour l’éclairage des phares. — les lampes à mèches. — application de la lumière électrique à l’illumination des phares.

Il résulte des expériences qui ont été entreprises en 1851 et 1862, à l’Établissement central des phares, à Paris, que l’huile de colza est le meilleur de tous les combustibles applicables à l’éclairage maritime. Aussi cette huile est-elle en usage dans la plupart des phares français. Ce liquide oléagineux se tire, comme on le sait, du colza (brassica campestris), plante cultivée sur une grande échelle dans les départements du Nord, du Calvados, etc. En Angleterre, on se sert pour l’éclairage des phares de l’huile de colza de l’Inde, qui paraît jouir d’excellentes qualités éclairantes, dans les circonstances les plus variées.

Cette dernière mention est essentielle, car les huiles se classent diversement, suivant qu’on les considère par rapport à telle ou telle qualité. L’huile d’olive, par exemple, est préférable à celle de colza, au point de vue de l’intensité de la lumière, dans les lampes à une seule mèche ; mais elle lui est