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au moyen d’un tambour lenticulaire qui renferme des lentilles cylindriques et des lentilles annulaires. Celles-ci fournissent les éclats, tandis que les premières, renforcées des anneaux catadioptriques supérieurs et inférieurs, donnent un feu fixe qui éclaire la totalité de l’horizon maritime. Ce système ne comporte point d’éclipses.

Fig. 284. — Feu fixe varié par des éclats de 4 minutes en 4 minutes.

Nous représentons ici (fig. 285) l’appareil d’éclairage qui produit ce dernier résultat, c’est-à-dire un feu fixe varié par des éclats à chaque quatre minutes. AA′, BB′, sont la réunion de lentilles à échelons cylindriques et annulaires ; CC′, est l’ensemble des anneaux catadioptriques supérieurs ; DD′, la réunion des mêmes anneaux inférieurs. Le tout tourne au moyen de rouages d’horlogerie contenus dans le pied, E, de l’appareil, et produit, non pas des éclipses, mais des éclats. La succession de ces éclats dépend de la rapidité de rotation de l’appareil éclairant.

Quant au caractère distinctif qui consiste à allumer à côté l’un de l’autre deux feux fixes, mais pourtant assez espacés pour qu’ils ne se confondent pas à la limite de leur portée, il est tout à fait simple et d’une application facile, en même temps que bien reconnaissable ; mais comme il entraîne des frais d’établissement et d’entretien deux fois plus considérables que les autres, on l’emploie assez rarement. Les deux phares de la Hève, près du Havre, en sont un exemple.

Ce n’est pas sans hésitation que la Commission des phares a admis la coloration de la lumière comme caractère distinctif. Il y a, en effet, des inconvénients sérieux à l’adoption de cette méthode. En premier lieu, la lumière colorée est beaucoup moins intense que la lumière blanche, et par conséquent, elle a moins de portée. En second lieu, comme les circonstances atmosphériques, et surtout le brouillard, influent beaucoup sur la couleur des feux, il y a lieu quelquefois de craindre des méprises, si la lumière blanche n’est pas la seule usitée. Après des expériences décisives, la Commission des phares crut pourtant pouvoir permettre la coloration en rouge et celle en vert. Voici pourquoi.

Trois couleurs seulement se prêtent, avec le blanc, à un éclairage bien tranché : ce sont le rouge, le vert et le bleu. Mais tandis que le vert et le bleu s’éteignent plus rapidement que le blanc à mesure que la distance augmente, surtout lorsque l’atmosphère est embrumée, le rouge jouit de la propriété contraire : à intensité égale, il porte plus loin que le blanc, principalement par les temps brumeux, — ce qui se conçoit facilement, puisque le brouillard a pour effet de colorer la lumière blanche en rouge. Les feux rouges peuvent donc être employés avec avantage dans l’éclairage maritime.

On objectera peut-être que, les feux blancs devenant rouges sous l’influence du brouillard, le navigateur placé dans ces circonstances, ne saura reconnaître s’il a devant lui un feu blanc ou un feu rouge. Cette remarque serait fondée, si les feux rouges étaient employés isolément ; mais s’il existe des feux fixes blancs dans le voisinage, les premiers resteront bien caractérisés, parce qu’ils seront