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trie, d’une grande galerie établie sur le Cours-la-Reine et longeant la rivière, et d’une construction provisoire faite aux Champs-Élysées.

Pour la galerie du Cours-la-Reine, M. Regnault demandait que la grande couverture demi-cylindrique en zinc, fût double, avec un intervalle de 20 centimètres entre chaque toiture. La toiture supérieure aurait reçu les rayons solaires ; sur son arête supérieure se trouvaient des cheminées nombreuses en tôle, de section rectangulaire, afin de présenter leur plus large face à l’action du soleil.

L’intervalle des deux couvertures constituait donc une vaste cheminée, chauffée par le soleil, et qui puisait l’air dans la galerie à la hauteur de la naissance de la voûte et suivant une très-grande section.

M, Regnault voulait ensuite que l’air frais fût amené du dehors, par un grand nombre de petits canaux en briques, sous le sol, et terminés au dehors, par de courtes cheminées-pilastres appuyées contre le mur. À l’intérieur, l’orifice de chacun de ces canaux aurait été surmonté d’une colonne en fonte de 1m, 50 de haut, servant à supporter les objets exposés. L’air du dehors serait ainsi venu se déverser dans la salle, à la hauteur de la tête des visiteurs, sans produire ces courants désagréables qui sont occasionnés par des orifices ouverts au niveau du sol. Ces canaux dissimulés par les colonnes, et la toiture-cheminée, chauffée par le soleil, auraient constitué un excellent appareil de ventilation et de refoulement de l’air.

Les mêmes principes furent proposés par M. Regnault pour ventiler et empêcher l’échauffement excessif du Palais de l’Industrie qui, avec les bâtiments du Cours-la-Reine, composait l’ensemble de l’Exposition universelle de 1855. Si l’on avait suivi ses indications, il est probable qu’on aurait évité la température intolérable qui régnait dans les galeries du premier étage pendant l’été. Des oppositions de tout genre entravèrent les travaux qui furent entrepris dans cette direction. Ce n’est que dans les bâtiments destinés à l’exposition de peinture et qui étaient relégués à l’avenue Montaigne, que les projets de M. Regnault purent être réalisés, grâce au bon vouloir de l’architecte, M. Lefuel. Les toitures à châssis vitrés y ont été faites doubles, et surmontées de cheminées d’aspiration. L’air du dehors se déverse dans les salles par des piédestaux creux qui portaient des objets d’art. Ce dispositif, parfaitement rationnel, s’est montré aussi efficace qu’on pouvait le désirer.

Malheureusement, comme l’a fait remarquer M. le général Morin, il conduit à l’établissement permanent d’une double couverture des bâtiments, pour remédier à des inconvénients dont la durée accidentelle n’est que de quelques semaines chaque année. Et si l’on voulait éviter les frais d’une pareille construction, il faudrait recourir à l’installation temporaire d’une doublure, c’est-à-dire d’une surface intérieure à la toiture, ce qui aurait bien aussi ses inconvénients, sans parler des dépenses qui en résulteraient dans la plupart des cas. Enfin, l’introduction de l’air nouveau par des orifices ménagés sous le sol, présente toujours de grands inconvénients dans les locaux livrés à la circulation publique, et il serait peut-être impossible d’en multiplier assez le nombre pour que la vitesse d’arrivée restât dans les limites convenables.

Ces considérations doivent nécessairement diminuer, aux yeux des praticiens, le mérite du système proposé par M. Regnault ; et, en fin de compte, on donnera probablement la préférence à l’aérage continu et à l’arrosage, proposés par M. Morin, à cause de la simplicité de ces moyens.

À ce propos, nous placerons ici une suggestion assez ingénieuse, qui nous a été communiquée par M. Pradez, de Genève.

Pour vaincre les difficultés que soulèvent