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gère ventilation au fond de chaque loge, on a établi, dans leurs cloisons, des tuyaux d’un petit diamètre, qui vont, de la loge à la cheminée d’appel, et de plus un vasistas avec un grillage maillé, qui permet encore d’introduire insensiblement de l’air dans la loge, quand la porte est fermée.

« Enfin, l’amphithéâtre du centre, quand il en existe, est ventilé par une gaîne communiquant directement, de son plafond, à la cheminée du lustre B.

« En organisant ce système, d’Arcet a donné, comme toujours, des instructions complètes sur la conduite des appareils.

« Il insiste d’abord sur la nécessité de ventiler d’une manière continue et très-puissante, les lieux d’aisances du théâtre.

« Les calorifères à air chaud doivent être chauffés deux heures au moins avant la représentation et la température de la salle portée à 15 ou 16 degrés sans ventilation.

« Une heure avant l’ouverture des portes, la vapeur arrive dans les récipients, et on conduit de front les trois modes de chauffage de manière à maintenir la température à 15 ou 16 degrés environ, ce qui est facile, en forçant soit la ventilation, soit le chauffage.

« L’air chauffé dans les calorifères et dans tout le système des appareils, monte dans les corridors, pénètre dans la salle par les tuyaux d’amenée ou les faux planchers, et, entraîné par l’appel du lustre, il échappe au dehors à travers la cheminée des combles, en ventilant la salle entière.

« Pour maintenir la même salle fraîche en été, on tient toutes les fenêtres et les portes ouvertes pendant la nuit, et soigneusement fermées le jour, alors on ventile la salle à l’ouverture des bureaux, d’abord avec l’air des souterrains, ensuite avec l’air extérieur pris au nord, quand la température extérieure est descendue à 15 degrés à peu près.

« La température des cheminées d’appel au-dessus du lustre est de 20 à 25 degrés centigrades. Pour forcer la ventilation, quand la température extérieure est à 20 degrés, il suffit de monter le lustre un peu plus haut, la température de la cheminée s’élève et la ventilation s’établit de suite dans de bonnes conditions. C’est pour cela qu’il est toujours important d’avoir des cheminées d’appel de grande section.

« Ainsi, c’est en été que la ventilation est le plus difficile, mais avec de larges cheminées, et au besoin la manœuvre du lustre, on arrivera toujours à obtenir de très-bons résultats.

« Les dispositions que l’on vient d’indiquer ont de nombreux avantages.

« Les tuyaux de ventilation directs établis dans le fond des loges, permettent d’y faire arriver à volonté la voix de l’acteur, en fermant complétement la cheminée d’appel de la scène et diminuant le passage de celle du lustre.

« Lorsque, dans une représentation, il est produit un dégagement de poudre brûlée ou de fumée, on ferme, au contraire, tous les appels de la salle, et on ouvre celui de la scène, et l’on évacue rapidement et sans gêner les spectateurs toute la fumée qui, sans cela, les incommoderait longtemps. La même cheminée d’appel permettra d’assainir aussi les loges des acteurs, en les faisant communiquer avec la scène par de petits tuyaux.

« D’Arcet a insisté sur la nécessité de faire surveiller administrativement l’assainissement des théâtres, qui aujourd’hui est facile à organiser avec des appareils simples, mais dont, trop souvent, on ne se sert pas[1]. »

La figure 257 représente la disposition qui était recommandée par d’Arcet, et qui a été adoptée dans un si grand nombre de théâtres, depuis trente ou quarante ans. Le lustre est placé au-dessous d’une cheminée d’appel, B, dont on peut augmenter ou diminuer la section au moyen d’un registre. Une cheminée semblable surmonte les combles de la scène. L’air de la scène, J, et celui de la salle sont attirés vers le haut par la chaleur du lustre. De l’air frais et nouveau est fourni par des conduits placés sous le plancher de la scène.

Depuis l’époque où d’Arcet fit ces études, les conditions des théâtres ont changé, au moins dans la capitale. On a substitué le gaz à l’éclairage à l’huile. On a posé en principe (principe fort contestable) qu’il faut établir les lustres dans un espace clos, sans communication avec l’air de la salle, pour évacuer immédiatement les produits de la combustion du gaz sans les laisser se répandre dans la salle. De tout cela est résultée la nécessité de modifier les mesures anciennement consacrées pour l’assainissement des théâtres. Le trou du centre étant supprimé et remplacé par un plafond lumineux, c’est-à-dire une paroi transparente de verre de toutes parts, on a dû avoir recours à des dispositions

  1. Dictionnaire des arts et manufactures, article Ventilation.