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La veine d’air insufflée s’éparpille bientôt en tourbillon. C’est ce que représente la figure 249.

Appelée, au contraire, elle s’étire de loin, sans émouvoir les couches voisines, comme le montre la figure 250.

Fig. 250. — Veine d’air aspirée.

Naturellement, il y a moins de pertes de forces dans le second cas que dans le premier.

M. Morin croit pouvoir conclure de ce fait, que la ventilation par appel demande moins de travail, est plus économique, que le système par refoulement. Le savant auteur paraît oublier que pour faire passer à travers une salle un volume d’air quelconque, et cela, dans l’un ou l’autre des deux systèmes, on se sert de deux orifices ; que si, à la première ouverture, il y a insufflation, il y aura appel à la seconde, et inversement ; de telle sorte que la compensation est établie.

S’il pouvait y avoir supériorité d’un côté, ce serait évidemment en faveur du système par pulsion, et avec la ventilation renversée, puisqu’ici l’ouverture à effets insensibles est celle qui est la plus proche des personnes qui séjournent dans le lieu considéré, et que la dispersion opérée par la bouche éloignée qui souffle, est au moins utilisée à répandre l’air pur d’une manière plus égale.

L’expérience prouve, en effet, que l’on peut sous les pieds mêmes des personnes, et sans qu’elles s’en aperçoivent, opérer l’extraction de l’air vicié.


CHAPITRE VII

la ventilation renversée. — ses avantages sur la méthode dite naturelle.

Après ce parallèle entre les deux systèmes rivaux de ventilation, nous avons à parler de la méthode dite de ventilation renversée, qui s’applique, quelle que soit la manière dont on opère la ventilation.

Les trois principes fondamentaux de l’art de ventiler, sont les suivants : 1o renouveler intégralement, en un certain espace de temps, l’air du local que l’on considère ; 2o placer les bouches d’arrivée de l’air pur le plus loin possible des personnes, afin de leur éviter la sensation d’un vent très-désagréable ; 3o placer les bouches de sortie de l’air vicié le plus près possible des personnes, afin d’assurer la plus grande pureté de l’air de la salle.

La ventilation renversée atteint parfaitement ce triple but ; et la ventilation dite dans le sens naturel les manque tous les trois.

Supposons une éprouvette, A (fig. 251), munie d’un robinet à sa partie inférieure, dans laquelle on aurait versé de l’eau, et mis, par-dessus ce liquide, une couche d’huile, qui surnagerait en vertu de sa plus grande légèreté. Qu’on vienne à ouvrir le robinet, l’eau s’écoulera dans le vase B, et l’huile descendra lentement et régulièrement jusqu’au fond du vase.

Les choses se passent exactement de la même manière dans une salle assainie par la ventilation renversée. L’air pur, amené par le haut, plus chaud et plus léger, représente l’huile ; l’air refroidi du bas de la