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l’oxygène de l’air ne peut être absorbée par la respiration. Dès que l’air a perdu seulement 1 pour 100 de son oxygène, la respiration de l’homme placé dans ce milieu devient pénible. Lorsque l’air a perdu 4 pour 100 d’oxygène, la difficulté de respirer et l’anxiété, sont au comble chez l’homme. Enfin la mort arrive quand l’air a perdu 5 à 6 pour 100 d’oxygène.

Or, l’homme que nous avons mis en expérience, absorbera 60 grammes d’oxygène dans sa première heure ; et déjà 2 centièmes de l’oxygène manqueront à l’air. Encore une heure ou deux, et nous aurons atteint la limite extrême où la respiration devient impossible et où survient l’asphyxie, limite d’ailleurs assez difficile à fixer, parce qu’elle est variable selon les individus.

Notons en passant, que bien des personnes, en tout pays, n’ont pas à leur disposition des pièces beaucoup plus grandes que celle que nous venons de considérer par une hypothèse scientifique. Heureusement ces pièces ne sont pas absolument closes : une ventilation naturelle s’y établit par les joints des portes et des fenêtres, et l’air s’y renouvelle assez pour que la respiration ne soit pas sensiblement gênée. Mais c’est au hasard des conditions locales et non à la sagesse des prévisions individuelles, qu’il faut attribuer ce bénéfice fortuit.

Il nous sera permis toutefois de nous élever contre la déplorable exiguïté des dortoirs dans la plupart des lycées, des séminaires et des logements dits en garni, en un mot contre toute accumulation d’un trop grand nombre de personnes ou d’animaux dans un petit espace. Ces vicieuses dispositions ne tuent pas assurément sur l’heure, comme ces prisonniers anglais, dont nous avons raconté la triste histoire, mais l’action, pour être lente, n’en est pas moins réelle. Cette action nuisible s’exerçant chaque nuit, amène l’affaiblissement de toutes les fonctions de l’organisme, la débilitation générale, l’état lymphatique et toutes les maladies qui en sont la suite.

Pour produire les 500 litres d’acide carbonique qu’il exhale chaque vingt-quatre heures, un individu adulte brûle 140 grammes de charbon. Un professeur de chimie de la Sorbonne mettait matériellement ce fait sous les yeux des élèves, d’une façon originale et saisissante, en présentant à ses auditeurs une assiette contenant 140 grammes de charbon de bois. L’acide carbonique résultant de la respiration, quand il s’est répandu dans l’air, est attiré dans les poumons par l’inspiration, et finit par déterminer l’asphyxie, par absence d’oxygène.

On trouve, en effet, à l’autopsie des animaux asphyxiés, le cœur droit, les poumons et les veines gorgés d’un sang noir et liquide, ce qui caractérise la présence de l’acide carbonique dans les vaisseaux et l’absence de l’oxygène.

Outre l’acide carbonique, l’homme verse dans l’air, par sa respiration, une certaine quantité de vapeurs d’eau. Ce dernier fait peut être facilement constaté par l’observation. Jetez les yeux sur les murs dans une réunion nombreuse, et bien souvent vous verrez l’eau exhalée par la respiration des assistants, ruisseler le long de ces murs.

L’acide carbonique et l’eau peuvent être saisis et dosés par les moyens chimiques, mais il est plus difficile d’isoler et d’étudier les produits organiques que la respiration dégage. Jusqu’ici il n’a pas été possible de soumettre à l’analyse chimique, par les méthodes des laboratoires, ces matières organiques qui s’exhalent des poumons, ou si l’on veut, qui accompagnent les produits de la respiration de l’homme et des animaux. On peut seulement les recueillir sans trop de peine.

Si l’on fait condenser dans un vase de verre l’eau provenant de la respiration, et qu’on conserve ce liquide dans un flacon bien bouché, on ne tarde pas à le voir se troubler et se putréfier. Cette altération est due à la présence de la matière organique exhalée des