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de soie, des particules de minerais, des grains siliceux, etc.

Ces matières, quelque multipliées qu’elles puissent être, n’ont d’autre inconvénient que de ternir momentanément l’éclat de nos étoffes, ou la propreté de nos meubles, en se déposant à leur surface. Si, quelquefois, on a noté des maladies causées par l’entrée de poussières diverses dans les voies respiratoires, ces cas sont exceptionnels. Ils se rattachent aux industries spéciales des charbonniers, des boulangers, des aiguiseurs, des repiqueurs de meules, etc. Les accidents dus à l’introduction de ces poussières dans l’économie animale, ne se produisent que très-lentement, ces corps étrangers n’exerçant que d’une façon mécanique leur influence fâcheuse sur les poumons.

Mais, outre ces substances inoffensives et inactives, l’observateur qui examine au microscope la poussière atmosphérique, y découvre de petits corps, d’un aspect régulier, en général sphériques, d’une couleur indécise, presque transparents, peu différents les uns des autres, et qui paraissent, au premier abord, d’une seule espèce. Si l’on place ces corpuscules organiques dans certains liquides fermentescibles, on les voit manifester une vitalité particulière, grandir, quelquefois se mouvoir et se multiplier à tel point que le liquide en devient troublé. La fermentation s’établit dans ce milieu, et détermine un changement profond dans les éléments chimiques du liquide, changement qui n’est que le résultat de la nutrition et de la vie de ces petits êtres.

Ces petits êtres sont des ferments. Chaque ferment a la propriété de vivre et de se développer dans un milieu particulier.

Telle est la cause de la fermentation du vin, du pain, de la bière. Telle est encore l’explication du phénomène désigné mal à propos sous le nom de génération spontanée ; ce dernier phénomène provient des germes végétaux flottants dans l’air, et qui tombent dans les liquides aptes à leur donner les conditions du développement et de la vie. Telle est enfin la cause de cette grande classe de maladies appelées miasmatiques. Les humeurs du corps de l’homme, ne sont point, en effet, à l’abri de l’infection de ces germes ; témoin les bactéridies découvertes dans le sang par M. Davainne, et qui constituent le charbon ; témoin l’oïdium, cause productrice du muguet ; témoin enfin les organismes microscopiques, plus récemment découverts, et qui sont peut-être le véritable principe des fièvres intermittentes des marais.

Cette curieuse question de physiologie et de médecine est encore à l’étude, et nous ne pouvons anticiper sur les développements que lui donneront les travaux de la science à venir. Nous ne pousserons donc pas plus loin ce genre de considérations, qui, pour certains lecteurs, auront peut-être paru s’écarter du sujet que nous allons traiter. Nous ferons remarquer, pour aller au-devant de ce reproche, que ces considérations nous permettront de mieux apprécier les systèmes de ventilation qui ont été proposés pour les hôpitaux, les casernes et autres établissements publics.

Telle est donc, en résumé, la composition de l’air pur : oxygène, azote, acide carbonique, vapeur d’eau, débris de substances minérales ou végétales, corpuscules organiques, miasmatiques et autres. Voilà ce qu’on appelle l’air pur, lequel pourtant, on le voit, renferme bien des choses impures.

Voyons maintenant ce qu’il faut entendre par air vicié.

Supposons qu’on place un homme en bonne santé dans un espace parfaitement clos, de la capacité de 10 mètres cubes. L’espace considéré renferme à peu près 12 kilogrammes et demi d’air, à la température ordinaire, et cet air contient près de 3 kilogrammes d’oxygène, lesquels pourraient suffire à la consommation de deux jours, s’ils étaient absorbés. Mais jamais la totalité de