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chaude pour le chauffage de leurs bains publics. Notons aussi que la petite ville de Chaudesaigues, dans le département du Cantal, utilise pour le chauffage des maisons et les usages domestiques, la chaleur naturelle que fournit une source s’échappant du sol, à la température de 90 degrés.

Le système qui consiste à établir comme moyen de chauffage, une circulation d’eau chaude, contenue dans un circuit métallique entièrement fermé, conception très-remarquable en elle-même, est due à l’architecte Bonnemain. Ce système fut appliqué par lui, pour la première fois, en 1777, dans un château du Pecq, près de Saint-Germain en Laye. L’appareil, que Bonnemain monta lui-même, fut construit du premier coup avec une perfection telle qu’il a continué de fonctionner jusqu’à ces dernières années, et qu’il aurait fallu peu de réparations pour le maintenir encore aujourd’hui en activité.

Le calorifère du Pecq, construit par Bonnemain, se composait d’un récipient contenant le foyer et la chaudière. De la chaudière partait un tuyau vertical qui s’élevait jusqu’au plus haut point du circuit, se coudait à angle droit, et parcourait successivement les différents étages de la maison. Puis, l’eau refroidie rentrait au point le plus bas de la chaudière, par un tube vertical. Un tube ouvert placé au haut du circuit, mettait l’eau chaude en libre communication avec l’air, et en faisait un calorifère à eau chaude et à air libre, c’est-à-dire l’appareil même qui est aujourd’hui en usage.

Pour régulariser la chaleur, Bonnemain avait imaginé une disposition fort ingénieuse. Un tube de fer vertical, noyé dans l’eau de la chaudière, contenait une barre de plomb, fixée par son extrémité inférieure, et libre à son autre extrémité. Quand elle s’allongeait par la chaleur, cette barre agissait sur un levier relié à un registre qui diminuait l’arrivée de l’air dans le foyer. Si la température de l’eau venait à baisser, la tige de plomb, en se rétractant, tirait à elle le levier, et augmentait la section d’arrivée de l’air, et par conséquent l’activité du feu.

On n’a pas fait beaucoup mieux depuis Bonnemain, malgré toutes les prétendues inventions que s’attribuent nos constructeurs modernes.

Fig. 207. — Principe du calorifère à eau chaude.

La figure 207 fera comprendre en vertu de quel principe physique la circulation de l’eau s’établit dans le calorifère à eau chaude.

Supposons un circuit, ABCD, complétement fermé, et plein d’eau d’une température uniforme. Aucun mouvement ne tendra à se manifester dans le liquide, parce que les colonnes verticales AB et CD ont des poids égaux et qu’elles pressent également sur la colonne horizontale AD. Mais si, à l’aide du foyer A, on chauffe la colonne AB, l’eau, se dilatant, deviendra plus légère, le poids de la colonne AB sera inférieur à celui de la colonne froide, CD et l’équilibre sera rompu. Dès lors, la colonne AD sera poussée dans la direction du foyer, et par la continuité des pressions, l’eau sera mise en mouvement dans tout le circuit.

Le mouvement circulatoire sera d’autant plus rapide qu’il y aura une plus grande différence de poids entre les deux colonnes verticales, c’est-à-dire que la colonne AB sera