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montre que l’économie du combustible provenant des changements faits aux cheminées montait ordinairement à moitié, quelquefois même aux deux tiers de la quantité consommée précédemment. »

Si les cheminées modernes perfectionnées ne donnent que 12 ou 14 pour 100 de la chaleur totale, on peut en inférer que les grandes cheminées de l’époque de la Renaissance n’arrivaient guère à utiliser que 4 à 5 pour 100 de la chaleur du combustible.

« La seule plainte, continue Rumford, que j’aie entendu faire, est que la nouvelle méthode rendait les chambres trop chaudes ; mais il est si facile d’y remédier, que j’aurais hésité à en faire mention, de crainte qu’on ne s’imaginât que c’était une insulte faite à la personne qui a inventé les changements adaptés aux cheminées… »

Rumford distingue deux sortes de chaleur, comme nous avons distingué plus haut la chaleur par rayonnement de la chaleur par contact. C’est ce qu’il exprime ainsi, dans le langage imparfait de la physique de son temps :

« L’une est combinée avec la fumée, les vapeurs et l’air échauffé qui s’élèvent du combustible en feu, et passe dans les régions supérieures de l’atmosphère tandis que l’autre partie qui paraît n’être point combinée, ou, comme quelques physiciens le supposent, qui n’est combinée qu’avec la lumière, part du feu sous la forme de rayons dans toutes les directions possibles. »

Nous regrettons de ne pas pouvoir reproduire, à cause de sa longueur, tout ce passage, qui est très-curieux et qui présente très-bien l’état de la science à cette époque.

Rumford établit que la chaleur rayonnante, ou non combinée, pour nous servir de son expression, est seule utilisée par les cheminées, et il ne doute pas que la chaleur perdue ne soit « trois ou quatre fois » plus considérable que celle qui émane du combustible sous forme de rayons. Puis il cherche à augmenter le plus possible la quantité de chaleur rayonnante, par l’arrangement du feu et par la disposition des surfaces réfléchissantes.

« D’après un mûr examen sur la meilleure forme à donner aux côtés verticaux d’un foyer, ou ce qu’on appelle les jambages, on a trouvé que c’est celle d’un plan droit, faisant un angle de 135° sur la surface plane du fond de la cheminée. Suivant l’ancienne construction des cheminées, cet angle est droit ou de 90° ; mais, comme dans ce cas les jambages de la cheminée (AC, BD) sont parallèles, il est évident que cette disposition est peu propre à renvoyer dans la chambre, par voie de réflexion, les rayons qui émanent du feu. »

Fig. 157. — Coupe de l’ancienne cheminée.

La figure 157, que donne Rumford dans son ouvrage, et que nous reproduisons, représente la coupe de l’ancienne cheminée ; la figure 158 est la coupe de la cheminée moderne, modifiée d’après les principes posés par Rumford.

Fig. 158. — Coupe de la cheminée modifiée par Rumford.

Il conseille de recouvrir d’un enduit blanc les surfaces inclinées bk et ia, « la couleur blanche étant celle qui réfléchit le plus de chaleur et de lumière. »

Les figures 157 et 158 représentent donc, l’une la coupe verticale de la cheminée ancienne, la seconde, la cheminée, après la modification apportée par Rumford. Comme on le voit, Rumford se contente, en somme, de placer dans le fond et sur les côtés, une maçonnerie solide, qui ne laisse pour toute gorge qu’une fente (f) large, en moyenne,