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la chaleur, c’est-à-dire les lois de sa transmission à distance, et bientôt celles de sa propagation à travers les corps solides. Ces deux principes, à savoir, la dilatation de l’air par la chaleur et le rayonnement du calorique, furent les bases sur lesquelles les physiciens et les architectes du xviie siècle, firent reposer la science, alors nouvelle, de la caminologie.

Il ne faudrait pourtant pas trop exagérer les défauts des cheminées du Moyen âge. Elles avaient un excellent côté. Elles permettaient à un grand nombre de personnes de se chauffer à la fois, et elles rayonnaient beaucoup de chaleur dans la pièce, en raison de la hauteur à laquelle se trouvait placée leur hotte immense.

Seulement cette hotte occupait par trop de place dans les appartements, et gênait leur décoration. Les architectes du xviie siècle plaidèrent donc avec force la destruction de cet immense dôme, et malgré la résistance de Philibert Delorme, qui recommandait de les conserver, les préceptes d’Alberti, de Serlio, de Perrault et de Savot, finirent par l’emporter. On supprima la hotte volumineuse des cheminées, en abaissant considérablement le manteau. La fumée ne trouvant plus dès lors une issue suffisante, il fallut garnir le manteau de la cheminée d’un rideau, et ensuite abaisser davantage encore ce même manteau, pour combattre plus efficacement la fumée.

Dans le Traité d’architecture, publié à Venise, en 1540, par Serlio, de Bologne, on voit déjà ces préceptes appliqués. La figure 152, que donne cet architecte, du modèle de cheminées qu’il faisait construire, donne l’idée exacte des cheminées du temps de la Renaissance. La hotte est déjà considérablement abaissée.

Fig. 152. — Modèle de cheminée de la Renaissance, d’après Serlio, de Bologne.

Toutefois, la fumée résultant de ces vastes foyers, préoccupait beaucoup les architectes. Philibert Delorme et Jérôme Cardan proposèrent divers moyens, plus ou moins rationnels, pour combattre cet ennemi domestique.

La figure 153 (page 253) représente un beau modèle de cheminée, de l’époque de la Renaissance, qui existe à l’hôtel de Cluny, à Paris.

C’est en 1619 que parut, en Allemagne, le premier ouvrage scientifique sur les appareils de chauffage : c’est le Traité sur les poêles (Holzsparkunst) de François Keslar. Il est vraiment extraordinaire de voir tous les principes de l’emploi des poêles si bien posés en théorie et en pratique, dès cette époque. Il faut même ajouter que les poêles décrits dès le commencement du xviie siècle, par Keslar, sont les mêmes qui servent aujourd’hui, sans aucune modification, dans toute l’Allemagne. Rien n’a été changé aux dispositions indiquées par Keslar, c’est-à-dire l’allumage en dehors de la pièce à chauffer, les tampons de nettoyage, les registres établis à la prise d’air extérieur et aux tuyaux de fumée ; enfin la circulation de la fumée dans de nombreux circuits. Nous revien-