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peut-être à de sérieuses difficultés, en raison de l’oxydation prompte que provoquerait l’oxygène humide sur les métaux composant les tuyaux de conduite.

Nous nous arrêtons dans cette critique, qui a le défaut d’être prématurée, car les éléments précis manquent en ce moment pour porter avec confiance un jugement sur l’avenir de cette question. Assurément nous ne sommes pas en présence d’une révolution dans nos moyens d’éclairage, mais rien ne prouve qu’une heureuse modification apportée à ce système nouveau, ne viendra pas faire disparaître une partie des inconvénients qui lui sont propres, et dissiper les préventions qu’il fait naître.

Cette question est à l’étude, et déjà une suggestion très-ingénieuse s’est manifestée et a pris de la consistance. Le préparateur du cours de physique de la Sorbonne, M. Bourbouze, a proposé de supprimer l’oxygène, ce qui débarrasserait tout de suite de la coûteuse installation des usines à oxygène et de la préparation quotidienne de ce gaz comburant. M. Bourbouze voudrait exécuter en grand ce qu’on fait en petit dans les laboratoires, c’est-à-dire mélanger simplement au gaz de l’éclairage un certain volume d’air ordinaire.

On fait arriver dans une même capacité du gaz d’éclairage et de l’air. Le mélange de ces deux gaz étant opéré, on lui fait traverser une plaque percée d’un grand nombre de petits trous, ce qui le divise en un grand nombre de minces filets. Pour éviter la communication de la flamme avec le mélange détonant, on n’enflamme pas directement ces petits jets ; on les fait passer à travers une toile métallique de platine, tressée d’une manière particulière, et que l’auteur appelle point de crochet, L’interposition de cette toile métallique empêche, comme dans la lampe de sûreté de Davy, la communication de la flamme extérieure avec le gaz tonnant contenu dans la capacité inférieure. En même temps, la toile de platine jouant le rôle du globule de chaux ou de magnésie de l’éclairage Drummond, donne à la flamme un éclat extraordinaire et une grande fixité.

M. Bourbouze estime qu’avec cette disposition, on réaliserait une économie de 15 pour 100 sur l’emploi du gaz ordinaire.

Tout cela prouve que la question de la combustion du gaz d’éclairage par un courant de gaz oxygène, n’en est qu’à ses débuts, et qu’il faut encore attendre pour se prononcer sur son avenir. L’éclairage au gaz ordinaire a déjà trouvé dans l’huile minérale de pétrole un concurrent redoutable ; nous espérons, dans l’intérêt de tous ceux qui ont recours à l’éclairage artificiel, que la concurrence ne s’arrêtera pas là.

Nous terminons avec la question de la lumière oxy-hydrique, l’examen du groupe des sources lumineuses que nous avions réunies sous le nom de lumières éblouissantes, c’est-à-dire la lumière électrique, l’éclairage au magnésium et la lumière oxy-hydrique. De ces trois sources lumineuses, la lumière électrique est celle qui paraît appelée à l’avenir le plus sérieux. Chaque année on met en avant un projet nouveau pour appliquer dans les villes l’éclairage au moyen de l’arc voltaïque. Il est probable que ces tentatives incessantes conduiront à faire établir un certain nombre de ces éclatants foyers électriques qui distribueront dans Paris, et plus tard dans les autres villes de la France, leur radieux éclat, comparable à celui de l’astre solaire.

Quelques personnes, plus hardies encore, adoptant la pensée d’Arago, vont jusqu’à proposer que l’on élève au-dessus de chaque ville, en un point culminant, un foyer lumineux unique, énorme gerbe d’une clarté sidérale, qui éclairerait à la fois toute l’étendue d’une cité. Les esprits enthousiastes et amoureux du progrès, aiment à devancer en imagination l’époque où un phare électri-