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charbons se touchent ; mais dès que l’on ferme le courant, l’électro-aimant, G, devient actif ; il attire l’armature H ; dès lors le système oscillant MIFH s’abaisse, entraînant avec lui le porte-charbon inférieur, D, fixé sur la tige métallique E, qui s’écarte du charbon supérieur, resté immobile. L’arc et la lumière électrique apparaissent aussitôt entre les pointes. Mais à mesure que les charbons se consument, leur distance augmente, le courant devient plus faible, l’électro-aimant, G, moins puissant, l’armature H moins attirée. Aussitôt, le système oscillant remonte ; en montant il dégage le rouage R, ce qui laisse agir le ressort K, et par l’effet de l’impulsion de ce ressort, qui pousse de bas en haut, les charbons se rapprochent.

Ce sont là d’ailleurs, moins des rapprochements et des écartements réels que des tendances opposées, se neutralisant l’une l’autre à chaque instant, et maintenant les charbons à la distance voulue, pour que la lumière électrique ait son maximum d’intensité, tant qu’il n’y a en jeu que la combustion lente des charbons.

Si une cause étrangère intervient, si l’un des charbons se rompt, le courant est brusquement interrompu, l’électro-aimant est inerte, l’armature se détache et remonte avec le système oscillant ; le rouage R est dégagé, les charbons, devenus libres, se rapprochent au contact, le circuit alors se ferme, l’armature attirée descend entraînant avec elle le système oscillant ; le charbon supérieur s’arrête ; l’inférieur s’écarte, et la lampe se rallume.

Telles sont les dispositions essentielles du régulateur de la lumière électrique de M. Serrin.

Cicéron estimait hominem unius libri ; c’est-à-dire un homme qui ne vécût que dans un livre et par un livre. On peut dire que M. Serrin est l’homme de la lumière électrique. Depuis plusieurs années, il s’est voué tout entier à la propagation de son régulateur de la lumière électrique, qu’il a porté dans toutes les régions, dans tous les milieux possibles. Il est toujours prêt à faire resplendir son éclat pour les cérémonies publiques, pour les travaux publics, pour les fêtes, etc.

C’est en 1857 que M. Serrin parvint à construire son régulateur automatique. Essayé avec une pile voltaïque, le 14 septembre 1857, il fut décrit par M. Du Moncel dans son ouvrage sur les Applications de l’électricité (1858). Le 17 janvier 1859, ce nouvel appareil servit aux expériences de M. Becquerel, dans son cours du Muséum d’histoire naturelle. Le 10 mars il s’allumait, pour la première fois, par le courant des machines magnéto-électriques de la compagnie l’Alliance, à l’hôtel des Invalides.

Au mois d’octobre 1859, il fut expérimenté dans l’atelier central des phares, et l’administration, satisfaite de son mécanisme, fit construire en 1860, deux de ces instruments, qui servent encore aujourd’hui dans l’atelier des phares aux diverses expériences de la lumière électrique.

En 1862, vingt régulateurs de M. Serrin, éclairèrent pendant près de 10 000 heures de nuit, les tranchées et les mines des montagnes de Guadarrama, pour les travaux du chemin de fer du nord de l’Espagne.

Bientôt les entrepreneurs des travaux du fort Chavagnac à Cherbourg, du chemin de fer du Midi, des réservoirs de Ménilmontant, firent servir le même instrument à des travaux de nuit.

Un extrait du rapport fait à l’occasion de ces travaux, par M. Brull, ingénieur de la Compagnie des chemins de fer du nord de l’Espagne, permettra d’apprécier le genre d’avantages que procure la lumière électrique dans les travaux de nuit.

« Vingt régulateurs Serrin avaient été expédiés par M. Brull dans les montagnes du Guadarrama, avec les piles et les matières nécessaires pour leur alimentation… Les appareils ont fonctionné régulièrement pendant 9 417 heures… La lumière a tou-