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disposition employée par le chimiste anglais, on évitait la combustion du charbon, et l’on pouvait prolonger un certain temps la durée de l’arc lumineux.

Cette expérience remarquable fut répétée, pendant bien des années, dans les cours publics de physique et de chimie. Elle était nécessairement d’une durée très-courte, parce que les piles voltaïques que l’on connaissait alors, ne pouvaient produire longtemps un courant énergique, et que le charbon végétal dont on faisait usage, laissait dégager une abondante fumée, qui obscurcissait en peu d’instants les parois du globe de verre.

En 1843 parut la pile de Bunsen, modification de la pile de Grove, qui présente l’avantage inappréciable de fournir un courant continu et d’un effet énergique. La pile de Bunsen permit de tirer sérieusement parti d’une expérience qui n’avait offert jusque-là qu’un spectacle curieux.

La pensée d’utiliser pour l’éclairage, le remarquable phénomène découvert par Humphry Davy, appartient à Léon Foucault, qui, en 1844, fit, le premier, une application de la lumière fournie par l’électricité. Foucault avait réussi à rendre pratique l’usage de cette source lumineuse, grâce à un choix intelligent de l’espèce de charbon employé comme conducteur. Davy avait fait simplement, usage de pointes de charbon de bois ; mais la combustibilité trop vive de ce charbon, exigeait l’emploi du vide, et cette nécessité était un grand obstacle dans la pratique. À ces cônes de charbon de bois, Foucault substitua de petites baguettes taillées dans la masse du charbon, dur et très-peu combustible, que l’on trouve dans les cornues où s’exécute la distillation de la houille, pour la préparation du gaz de l’éclairage. La densité, la dureté extrême et la très-faible combustibilité de cette variété de charbon (que l’on désigne communément sous le nom de charbon de gaz), expliquent la supériorité qu’elle présente sur toutes les autres variétés de charbon pour la manifestation de la lumière électrique.

En 1844, Léon Foucault se servit de la lumière provoquée par cette nouvelle et curieuse lampe électrique, pour remplacer le soleil dans le microscope solaire. Avec cette lumière il éclairait divers objets d’histoire naturelle, de dimensions microscopiques, destinés à être amplifiés par l’instrument. C’est par ce moyen que furent obtenues les planches, gravées d’après les épreuves photographiques, qui composent l’atlas de microscopie publié par MM. Al. Donné et Léon Foucault.

Un de nos plus habiles constructeurs d’instruments de physique, M. Deleuil, a, le premier, fait usage de l’appareil de Foucault pour un essai d’éclairage public. Vers la fin de 1844, M. Deleuil exécuta cette expérience sur la place de la Concorde, à Paris. Nous faisions partie de la foule de curieux qui était accourue à cette expérience intéressante, où l’on put constater, malgré l’existence d’un épais brouillard, que la lumière émanée du foyer électrique, traversait, sans affaiblissement, toute l’étendue de cette vaste place.

Au mois de juillet 1848, la même expérience fut répétée par un autre physicien, M. Archereau. Placé dans la rue Saint-Thomas du Louvre, l’appareil de M. Archereau éclairait magnifiquement la façade des Tuileries. La lumière était douée d’une telle intensité, que l’on pouvait lire assez facilement l’écriture au guichet du Pont-Royal.

C’est à partir de cette époque que la lumière électrique, reconnue d’un usage pratique, a été, à diverses reprises, expérimentée en public, soit comme une sorte de divertissement dans des fêtes et réunions publiques, soit pour les travaux de nuit. On en fait, par exemple, beaucoup usage dans les théâtres de Paris pour illuminer les toiles et les grands effets de scène.

L’appareil que Léon Foucault avait cons-