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cueillaient, depuis un temps immémorial, du pétrole, principalement pour graisser leurs voitures et pour l’éclairage, une compagnie américaine s’est établie, en 1863, pour l’exploiter au moyen de puits. Après avoir foré jusqu’à 160 mètres, on a reconnu que la plus grande quantité se trouve à une profondeur moindre, c’est-à-dire seulement de 8 à 26 mètres.

« Plus récemment encore, l’attention s’est portée sur les indices de pétrole que l’on connaissait depuis longtemps de l’autre côté du Bosphore, dans la presqu’île de Taman et dans le bassin du Kouban, dans une partie qui n’a été définitivement conquise qu’en 1863 et 1864. On s’est empressé de faire des recherches actives, commencées par M. le colonel Novosylzeff et habilement continuées par M. le capitaine du corps des mines, de Koschkull, à l’obligeance duquel je dois une partie de ces détails, ainsi qu’au savant éminent, M. Abich, qui a récemment visité la localité.

« Dans cette région, les sources naturelles et indices de pétrole constituent quatre groupes, dont les extrêmes sont distants de 170 kilomètres : ces groupes, situés au pied du Caucase, sont disposés suivant une ligne droite, exactement parallèle à l’axe de la chaîne. Cette longue zone, en même temps jalonnée par de nombreuses sources thermales, a environ 7 kilomètres de largeur.

« Un puits foré à 12 kilomètres de la forteresse de Krysmskoyé, a atteint successivement quatre nappes de pétrole, à des profondeurs de 16, 40, 60 et 80 mètres. Ces diverses nappes, d’abord jaillissant, par l’impulsion du gaz, de même qu’aux États-Unis, jusqu’à une hauteur de 16 mètres, ont donné des quantités de pétrole différentes et croissant avec la profondeur : la quantité d’huile minérale fournie pendant 139 jours a été de 1 440 000 litres. Le bitume était mélangé à de l’eau qui formait de un neuvième à un dixième du volume total.

« À part ces deux régions principales, il en existe encore deux autres qui produisent du pétrole : l’une dans le district de Tiflis, où le puits dit du Tzar, produit 96 000 litres ; l’autre non loin de Grosnaja, où se trouvent quatre puits, remontant aussi à une époque inconnue, et fournissant annuellement 1 120 000 litres.

« Dans le prolongement du grand alignement dont il vient d’être question, et sur le bord oriental de la mer Caspienne, l’île de Naphte ou de Tschéleken, appartenant à la Perse, présente des émanations semblables. Le pétrole, également accompagné de sources salées et chaudes, est exploité par des milliers de petits bassins. Quelques-uns, au moment où ils viennent d’être foncés, fournissent jusqu’à 600 kilogrammes par jour ; mais leur rendement diminue bientôt, et quelquefois, au bout de six mois ou deux ans, ils sont abandonnés. Il en est d’autres toutefois qui sont beaucoup plus longtemps productifs.

« Il est à remarquer que le naphte est également connu au sud de la mer Caspienne, dans la province de Mazandéran.

« Enfin, il convient d’ajouter que des indices de pétrole reconnus dans la région moyenne de la Russie, dans les gouvernements de Samara et de Simbirsk, ont donné lieu à des forages qui s’exécutent depuis 1865, d’après les indications de M. le général de Helmersen.

« Perse. — Il est des gîtes que l’on exploite depuis une antiquité très-reculée, en Perse, dans la vallée de l’Euphrate, et à Chiraz, dans le Kurdistan. C’est toujours dans des conditions assez analogues, dans des terrains tertiaires, et ils en occupent deux étages, d’après les recherches de M. Ainsworth ; ils sont accompagnés de vastes dépôts de gypse et de soufre et associés à des sources thermales.

« Birmanie. — Le pétrole abonde également dans l’empire Birman, qui fournit à l’Europe des quantités considérables de cette huile, connue en Angleterre sous le nom de Rangoun-tar ou de Burmèse-naphta. Dans le bassin de la rivière Iraouaddy, on a foré des puits nombreux qui atteignent jusqu’à 60 mètres de profondeur. En 1862, ils étaient au nombre de 520 et fournissaient ensemble 18 millions de litres d’une huile minérale caractérisée par l’abondance de la paraffine qu’elle renferme.

« Java. — Enfin, à la suite de cette énumération des gîtes exploités, on peut citer l’île de Java, où de nombreuses sources de bitume, situées à proximité de sources thermales, jaillissent de terrains tertiaires qui contiennent du lignite dans le voisinage des volcans. »


CHAPITRE XXXIV

les lumières éblouissantes. — l’éclairage électrique. — expérience de humphry davy. — le régulateur de foucault pour la lampe électrique. — les régulateurs de duboscq, serrin et gaiffe.

Pour terminer cette longue notice, nous formerons un groupe à part des sources lumineuses qui constituent de puissants foyers, et qui méritent d’être désignées, à ce titre, sous le nom commun de lumières éblouissantes. À cette catégorie appartiennent la lumière électrique, la lumière obtenue par la combustion du magnésium, enfin la lumière résultant du gaz oxy-hydrique. Nous commencerons par la lumière électrique.

Il n’est personne qui n’ait été témoin, dans