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gemme, ainsi que de lignite. Souvent des effluves de gaz hydrogène carboné annoncent, à l’extérieur, ces dépôts souterrains.

Ce n’est que dans les parties méridionales de l’Allemagne que se trouvent quelques gisements d’asphalte ou de pétrole. On exploite ces gisements bitumineux à Bantheim, Hanovre et Peine. Ils appartiennent en général au terrain crétacé (étage néocomien) et parfois au terrain jurassique. Sur quelques points, l’huile de pétrole sort du diluvium.

Ce dernier fait est curieux à signaler, car il prouve que le pétrole existe dans presque toute la série des terrains de notre globe, depuis les plus anciens, comme les terrains silurien et devonien, qui sont la grande source de l’huile américaine, jusqu’aux terrains tertiaires, le principal gisement du pétrole européen, et, comme on vient de le voir, jusqu’au diluvium même, qui n’est autre chose que le terrain contemporain. Cette variété extraordinaire d’origine rend assez difficile, il faut l’avouer, l’explication de la véritable provenance géologique de ce liquide précieux.

Pour terminer cet exposé de la distribution géographique des gîtes de bitume et de pétrole dans les deux mondes, nous aurons recours au Rapport sur les substances minérales, présenté au jury international de l’Exposition de 1867, par le savant professeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, M. Daubrée. Dans ce travail, M. Daubrée fait connaître avec beaucoup d’exactitude la distribution des gisements de pétrole actuellement connus dans la partie orientale de l’Europe, et dans plusieurs régions de l’Asie.

« Galicie. — La partie de la Galicie, dit M. Daubrée, que borde, vers le nord, la chaîne des Karpathes, renferme une série de gîtes de pétrole, qui s’étendent dans la région orientale de cette province et en Bukowine.

« Les localités dans lesquelles on a découvert ces gîtes, constituent une zone qui, mesurée parallèlement à la chaîne, a une longueur d’environ 250 kilomètres. Dans cette étendue, on a ouvert, depuis 1858, des exploitations régulières. D’autres, en très-grand nombre et situées surtout dans la partie orientale, consistent seulement en orifices peu profonds, que creusent les paysans. Il n’y a pas moins de 5 000 de ces petits bassins, répartis dans une douzaine de localités des environs de Boryslaw.

« La variété intéressante connue sous le nom d’ozokérite, a été trouvée avec une abondance remarquable, dans plusieurs mines de la Galicie, particulièrement près de Mœhrisch-Œstrau, où on l’exploite, surtout depuis trois ans, pour la fabrication de la paraffine, ainsi qu’en Roumanie.

« D’après une enquête que la chambre de commerce de Vienne a récemment faite, la production, qui appartient surtout à la Galicie orientale, s’élevait à :

tonnes.
Pétrole 
 9 107
Ozokérite (Erdwachs) 
 2 520

« Ces matières sont raffinées et distillées dans 36 établissements, et fournissent des huiles, à brûler et à graisser, en même temps que de la paraffine, qui a donné 10 150 kilogrammes de bougies.

« Le pétrole de la Galicie se trouve dans les terrains tertiaires. Les gîtes sont disposés sur une ligne de fractures parallèles aux Karpathes et, dans quelques points, en relation avec des sources thermales. Ils sont aussi associés à du sel gemme.

« Croatie et Dalmatie. — Comme exploitation de bitume des provinces autrichiennes, également représentées à l’Exposition, il convient de signaler les gîtes de la Croatie, situés aux environs de Moslawina, et qui paraissent se rattacher à ceux que l’on connaît également en Dalmatie et en Albanie.

« Albanie. — Les gisements bitumineux de l’Albanie sont principalement concentrés entre Kanina, au sud d’Avlona, et le méridien de Bérat, notamment aux environs de Selenitza. Ils appartiennent au terrain tertiaire, et, d’après une exploration récente de M. Coquand, à l’étage le plus récent ou pliocène. Ici le bitume a été, en général, amené à l’état solide ou asphalte.

« C’est encore au même étage pliocène qu’appartiennent les couches d’où sort, dans l’île de Zante, le bitume qu’Hérodote a déjà signalé.

« Principautés Danubiennes. — Les dispositions géologiques de la Galicie se retrouvent dans les Principautés Danubiennes, qui forment comme leur continuation, à travers la Bukowine.

« La position heureuse de la Valachie, par rapport au Danube, lui a permis de diriger sur Marseille une partie de ses pétroles ; et si la Moldavie, moins favorisée, n’a pu emprunter le fleuve pour écouler ses produits, le voisinage des possessions autrichiennes lui a donné la possibilité de faire franchir les Karpathes à ses pétroles bruts et raffinés, et d’alimenter Cronstadt, ainsi que les centres de population les plus importants de la Transylvanie.

« Dans les Principautés Danubiennes, le pétrole,