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La chaudière pouvait être chauffée tour à tour avec du charbon ou avec du pétrole. Une petite pompe aspirait l’huile dans le réservoir où elle se trouvait contenue, et la refoulait dans un tuyau, qui l’amenait dans sept petits tubes, armés de robinets, par lesquels elle s’écoulait goutte à goutte dans le foyer. Un ventilateur établissait le courant d’air, lorsqu’il fallait commencer à chauffer le foyer.

Cet appareil, on le voit, n’est autre que celui qui fut installé à bord du Puebla, et qui a été soumis, au mois de juin 1868, à une expérience décisive.

Quant aux avantages qui résulteraient de l’emploi général du pétrole comme agent de chauffage, il est facile de les apprécier. Ce combustible nouveau brûle sans fumée, et ne laisse pas de cendres. Le chauffage d’une grande chaudière de navire ou d’une machine fixe, s’exécute dès lors aussi simplement, avec autant de propreté, que le chauffage d’un ballon de verre ou de métal sur une lampe à esprit-de-vin, dans un laboratoire de chimie. Le travail si pénible du chauffeur est ainsi supprimé. Le combustible s’introduit de lui-même, sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir la porte du foyer, et sans que l’on ait à s’inquiéter des cendres.

Le pétrole produit en brûlant deux fois plus de chaleur que la houille, à poids égal, et il occupe moitié moins de place dans les magasins où on le conserve, et dans la cale des navires. Ces deux considérations assurent d’avance l’adoption du nouveau combustible à bord des bâtiments à vapeur. Quand le pétrole remplacera la houille, on accomplira des voyages d’une durée double de ceux qu’on exécute aujourd’hui avec le même poids en chargement de charbon. Dans l’hypothèse d’une guerre, la substitution du pétrole au charbon aurait des avantages particuliers. Le nouveau combustible brûle sans fumée, avons-nous dit ; par conséquent un navire de guerre ne serait pas signalé, comme il l’est aujourd’hui, à d’énormes distances, par son panache de fumée noire.

Nous ajouterons qu’une expérience faite au mois de septembre 1868, au chemin de fer du Nord, avec une locomotive, dans le foyer de laquelle le pétrole remplaçait le charbon, a prouvé que ce liquide peut, dans ce cas, remplacer parfaitement la houille. Cette expérience intéressante se fit sous les yeux de l’Empereur. Bien plus, l’Empereur lui-même s’était placé près du chauffeur, pendant la marche ; et l’on ne fut pas peu surpris de voir, à l’arrivée du train, le souverain descendre du tender, comme un simple mortel qui exercerait les fonctions de chauffeur de machines.


CHAPITRE XXXIII

tableau des gisements actuellement connus dans les deux mondes, de l’huile minérale de pétrole.

On vient de voir le rôle considérable qui est réservé dans l’avenir, à l’emploi des huiles minérales, tant pour l’éclairage que pour le chauffage. Un gisement de pétrole est évidemment une source de richesse pour un pays. C’est ce qui nous engage à placer ici l’exposé de l’état actuel de nos connaissances concernant la distribution de cette précieuse substance dans les différentes parties du monde.

Nous avons déjà fait connaître la situation des principaux gisements du pétrole en Amérique. Nous ajouterons seulement ici quelques renseignements empruntés à une notice publiée en 1864, par MM. Stapfer et Sautter, à leur retour d’un voyage aux États-Unis. Ces deux explorateurs ont parcouru d’un bout à l’autre les États qui possèdent les gisements les plus abondants de pétrole, et ils ont recueilli et fait connaître les données numériques et techniques les plus précises sur l’état actuel de l’exploitation des huiles minérales.