Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de plusieurs corps, analogues par leur nature, tous combustibles, mais différant les uns des autres par leur état physique et leurs qualités éclairantes.

Le pétrole brut est d’une couleur brune-verdâtre, quelquefois tout à fait noire, couleur due à l’asphalte et à des particules de charbon qu’il tient en suspension. Souvent aussi, il retient une faible partie de l’eau avec laquelle il était mêlé dans son gisement au sein de la terre.

Cette eau une fois mise à part, le pétrole est composé d’un nombre considérable de carbures d’hydrogène, produits d’autant plus légers que les chiffres représentant le nombre d’équivalents de carbone et d’hydrogène combinés, sont plus faibles, et au contraire, d’autant plus lourds, plus solides, plus difficiles à volatiliser, que les chiffres de ces équivalents de carbone et d’hydrogène sont plus élevés.

Si l’on place dans un alambic ordinaire, une certaine quantité d’huile brute de pétrole, et que l’on chauffe lentement et progressivement le liquide, de manière à recueillir les différents corps par ordre de volatilité, voici les substances qui passeront successivement à la distillation.

En premier lieu, on verra s’échapper des bulles de gaz hydrogène protocarboné et bicarboné. Ces gaz, identiques à ceux qui servent à l’éclairage, étaient retenus par simple dissolution dans le liquide, comme l’air est dissous dans l’eau potable.

Ensuite on recueillera dans le récipient de l’alambic, de l’eau, mêlée d’essences à odeur empyreumatique.

Puis viendra une huile légère, de couleur ambrée ; c’est l’huile de naphte, liquide qui, jusqu’à ces dernières années, n’avait guère servi qu’à conserver à l’abri de l’air, dans les laboratoires de chimie, les échantillons de potassium et de sodium, mais qui a reçu de nos jours, des applications importantes. Cette huile, en effet, peut dissoudre le caoutchouc, les gommes, les résines, et remplacer dans l’industrie le sulfure de carbone, toujours nuisible à la santé des ouvriers.

Après le naphte viendra la benzine, liquide précieux, qui dissout les corps gras, et sert dans l’économie domestique à nettoyer et à détacher les vêtements.

Après la benzine, on recueille l’huile éclairante de pétrole, c’est-à-dire le liquide particulièrement apte à servir à l’éclairage. Il passe ensuite à la distillation, l’huile lourde et onctueuse, qui est impropre à l’éclairage, mais excellente pour le graissage des machines et pour le chauffage des chaudières à vapeur.

Enfin viendront la naphtaline et la paraffine, substances solides à la température ordinaire, blanches, brillantes, translucides, et dont on fait, en Amérique et en Angleterre, les bougies diaphanes dont nous avons parlé dans le chapitre de l’éclairage par les corps gras solides.

Il restera dans la cornue, du goudron et du charbon, qui, l’un et l’autre, peuvent servir au chauffage, quand on les a agglomérés avec la poussière de charbon, produit à peu près sans valeur jusqu’ici.

Dans la pratique des raffineries d’huile de pétrole, on ne conduit pas la distillation avec autant de soins. Dans une première opération, on sépare le pétrole en trois produits : 1o les essences légères, qui communiqueraient à l’huile une trop vive inflammabilité, 2o l’huile particulièrement propre à l’éclairage, 3o les huiles lourdes. Dans une seconde opération, on distille de nouveau les huiles lourdes, pour en retirer l’huile à graisser et la paraffine.

La figure 113 représente l’appareil distillatoire employé dans l’usine de M. Deutsch à Paris. La capacité de la chaudière, qui est en fonte, varie entre 1 000 et 8 000 litres. Sa forme générale est un cylindre terminé en haut et en bas par deux calottes sphériques. La calotte supérieure porte un tube conique, A,