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ductibilité du métal, et une partie du liquide se réduit en vapeurs qui passent à l’intérieur du tube. Cette vapeur s’enflamme, et les vapeurs continuant d’affluer au bec, la combustion continue sans interruption.

Qu’est-ce que le gazogène, fort mal nommé quelquefois gaz liquide ? C’est le premier hydrocarbure liquide que l’on ait consacré à l’éclairage. Il se compose d’un mélange d’alcool et d’essence de térébenthine. Ces liquides sont très-inflammables tous les deux ; leur mélange brûle dans les lampes avec un très-grand éclat. La térébenthine seule donnerait une flamme très-fuligineuse ; la présence de l’alcool obvie à cet inconvénient. On appelle quelquefois ce système d’éclairage éclairage Robert, du nom de l’inventeur.

Le gazogène Robert n’est pas économique, vu la cherté de l’alcool, mais il a en sa faveur la propreté et l’absence de toute odeur pendant la combustion. Malheureusement, il est d’un usage très-dangereux, vu l’excessive inflammabilité des deux liquides qu’il renferme. Nous verrons tout à l’heure combien il faut tenir en défiance les liquides inflammables par eux-mêmes, et qui peuvent brûler sans l’interposition d’aucune mèche. Disons en attendant que, de tous les liquides dangereux comme agents d’éclairage, le liquide de Robert, c’est-à-dire le mélange d’essence de térébenthine et d’alcool, est assurément le plus à redouter.

Le gazogène n’est d’ailleurs aujourd’hui que d’un emploi très-limité.

L’hydrocarbure qui a d’abord remplacé le gazogène, c’est l’huile de schiste, qu’un certain nombre d’usines produisent encore aujourd’hui en quantité assez considérable, au moyen de la distillation des schistes bitumineux, qui se rencontrent dans divers terrains.

L’huile de schiste fournit un éclairage très-brillant, et qui offre, sous le rapport de l’économie, des avantages incontestables. Son prix ne dépasse pas 1 franc le litre. Aussi son usage est-il resté assez longtemps répandu dans les fabriques et dans les ateliers. On l’a même consacrée, dans quelques petites villes, à l’éclairage des rues.

Quelques renseignements sur l’extraction de l’huile de schiste, sur l’origine et sur les progrès de cette industrie, ne seront pas déplacés ici.

Les schistes bitumineux qui fournissent un carbure d’hydrogène liquide consacré à l’éclairage, se trouvent principalement dans le bassin d’Autun. Ceux que l’on trouve dans le midi de la France et dans les Alpes, sont des schistes imparfaits, c’est-à-dire des lignites, qui, par la distillation, fournissent des produits moins purs, et qu’il faut soumettre à plusieurs rectifications, pour les débarrasser de l’odeur désagréable qui les accompagne.

L’opération industrielle qui consiste à extraire les hydrocarbures éclairants des schistes bitumineux, est assez compliquée. Le fractionnement des différents produits obtenus dans les diverses périodes de la distillation, est le point difficile de cette fabrication.

Pour le retirer du sein de la terre, le minerai schisteux exige, comme premier travail, toute l’exploitation ordinaire d’une mine. Porté ensuite dans l’usine de première distillation, ce minerai y est concassé, puis jeté dans les cornues, qui sont disposées par couples dans les fourneaux. La distillation exige de douze à dix-huit heures. Les hydrocarbures en vapeur viennent successivement se condenser dans les appareils réfrigérants qui font suite aux appareils distillatoires. Ces derniers, une fois l’opération terminée, sont débarrassés du minerai épuisé, puis rechargés, et ainsi de suite.

Cette opération, qu’une usine sérieusement organisée ne peut effectuer sur moins de 25 000 kilogrammes par jour, ne procure au fabricant que le liquide brut. Il faut soumettre ce premier produit à des rectifications successives, qui ont pour but d’obtenir : 1o des essences de diverses densités, pour