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substance nouvelle, ne donnent lieu à aucun résidu. Les substances dont il s’agit sont l’oxyde de fer et le chlorure de calcium. Voici comment et dans quel ordre l’opération s’exécute.

Le gaz arrive dans un premier épurateur contenant du chlorure de calcium, destiné à lui enlever, par une double décomposition chimique, le carbonate d’ammoniaque. Il passe ensuite dans un second épurateur, qui renferme un mélange d’oxyde de fer et de carbonate de chaux, divisé par de la sciure de bois. L’hydrogène sulfuré du gaz est transformé en sulfure de fer par l’oxyde de fer. Le sulfure de fer ainsi produit étant abandonné quelques heures au contact de l’air, s’y change en sulfate, par l’absorption de l’oxygène atmosphérique. Ce sulfate de fer décompose alors le carbonate de chaux qui fait partie du mélange, et, par suite d’une réaction chimique bien connue, il se produit du sulfate de chaux et de l’oxyde de fer. Ainsi l’oxyde de fer, transformé d’abord en sulfure, peut se régénérer et servir un très-grand nombre de fois à priver le gaz de son hydrogène sulfuré.

Ce procédé, qui présente une série d’applications remarquables de faits purement chimiques, est dû à M. Lamming, chimiste anglais. Un peu modifié dans ses dispositions pratiques, il est aujourd’hui le seul employé dans les usines de la capitale. En effet, on fait usage aujourd’hui dans les usines à gaz de Paris, d’un procédé d’épuration mixte, qui consiste à employer un mélange de sulfate de chaux et de sesquioxyde de fer hydraté. M. Payen, dans son Traité de chimie appliquée aux arts, décrit ainsi ce procédé d’épuration :

« On ajoute de la chaux éteinte, en proportion équivalente, au protosulfate de fer en menus cristaux. Le mélange, humecté par un courant de vapeur, est exposé à l’air ; on renouvelle la superficie par un hersage, qui hâte la formation du sesquioxyde de fer.

« La matière employée à cet état, sur des claies épurateurs, retient l’ammoniaque du carbonate à l’état de sulfate, et décompose l’acide sulfhydrique en produisant de l’eau, mettant du soufre à nu et formant du protoxyde et un peu de sulfure de fer. La lixiviation permet d’extraire le sulfate d’ammoniaque et un peu de carbonate qu’on sature ; le résidu lavé, étendu à l’air, ramène le fer à l’état de peroxyde hydraté, la portion sulfurée se changeant en sulfate et étant décomposée par le carbonate de chaux. On préfère maintenant épurer assez bien le gaz des sels ammoniacaux par le dernier laveur à diaphragme horizontal, pour se dispenser de laver les oxydes extraits des caisses d’épuration ; en tout cas, le soufre et une quantité notable d’hydrocarbures s’accumulent dans ces résidus que l’on doit renouveler après quarante ou cinquante opérations. Pour l’épuration de 1 000 mètres cubes de gaz, on emploie une quantité d’oxyde de fer représentée par une superficie de 4 mètres carrés et une épaisseur de 60 centimètres, en une seule couche ou en deux couches de 30 centimètres.

« Après l’épuration même méthodique dans deux séries d’épurateurs au sesquioxyde de fer, il reste dans le gaz assez d’acide carbonique pour nuire à son pouvoir éclairant. On peut éliminer cet acide gazéiforme en le faisant filtrer au travers d’une ou deux couches de chaux hydratée pulvérulente, représentant une surface horizontale de 2 mètres carrés sur une épaisseur totale de 40 centimètres pour 1 000 mètres cubes de gaz à épurer en 24 heures[1]. »

Purifié par l’un quelconque des divers moyens qui viennent d’être rapportés, le gaz de l’éclairage se rend dans le gazomètre, ou réservoir destiné à le contenir avant sa distribution.

Cet appareil se compose de deux parties : la cuve destinée à contenir l’eau, et la cloche dans laquelle le gaz est emmagasiné.

En France, les cuves destinées à recevoir le gazomètre et l’eau, sont creusées dans le sol, revêtues d’une maçonnerie solide et d’un enduit imperméable à l’eau. En Angleterre et en Belgique, où le fer est à bas prix, les cuves des gazomètres sont des bassins circulaires, formés de plaques de fonte assemblées avec des boulons. Construites de cette manière, elles peuvent être visitées de tous les côtés, et l’on peut réparer les fuites aussitôt qu’elles se manifestent. Quant à l’énorme cloche qui constitue le gazomètre, elle est toujours formée de plaques de forte

  1. 5e édition, Paris, 1867, in-8o, tome II, p. 843.