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exhibition eut le résultat qu’il attendait. Il reçut une offre d’association de MM. Darpentigny et Perrier, propriétaires d’une fonderie. On lui proposait de fabriquer ses appareils à Chaillot et d’y établir une usine à gaz. Mais la faillite de cette maison, survenue peu de temps après, empêcha de donner suite à ce projet.

Une seconde compagnie pour la création de l’éclairage au gaz à Paris, se présenta ; seulement les actionnaires demandaient, avant de rien conclure, que le passage des Panoramas fût éclairé tout entier. Cet essai décisif fut exécuté par Winsor, et terminé en janvier 1817. Le public put dès lors se convaincre de la supériorité de ce nouveau système d’éclairage, et l’opinion se prononça en sa faveur d’une manière non douteuse.

Les marchands du Palais-Royal suivirent l’exemple de ceux du passage des Panoramas, et Winsor reçut une demande de plus de quatre mille becs. Il y eut, en même temps, une grande émulation pour obtenir des actions dans l’entreprise. Le capital de la compagnie fut constitué au chiffre de 1 200 000 francs. Le grand référendaire de la Chambre des pairs, était à la tête des actionnaires, et il exigea, en cette qualité, que l’on commençât par éclairer le palais du Luxembourg.

Malheureusement, Winsor, dont l’esprit remuant et actif était éminemment propre à lancer, comme on dit aujourd’hui, une entreprise industrielle, était loin de posséder les qualités qui sont nécessaires pour administrer une exploitation importante. Au bout de deux ans, la compagnie s’affaissait sous le poids des difficultés, et elle dut se mettre en liquidation, après avoir établi seulement l’éclairage du palais du Luxembourg et celui du pourtour de l’Odéon.

Les adversaires du gaz réussirent à paralyser ce premier essai. On prétendit que les appareils du chimiste anglais inquiétaient les habitants du quartier du Luxembourg, et les mettaient dans des transes continuelles par la possibilité d’une explosion. Sur les réclamations de quelques voisins, la police fit supprimer cet éclairage, ainsi que les appareils de la Compagnie de Winsor.

L’année suivante, c’est-à-dire en 1817, un ingénieur français demanda l’autorisation de construire, rue des Fossés-du-Temple, no 43, une usine comprenant vingt cornues seulement, et destinée à éclairer les petits théâtres du boulevard. Un projet du même genre fut conçu pour le passage Delorme, près des Tuileries. Mais l’autorisation nécessaire fut refusée à chacun de ces établissements.

Un petit café situé sur la place de l’Hôtel-de-Ville et le propriétaire des bains de la rue de Chartres, furent plus heureux, car ils obtinrent l’autorisation de s’éclairer au gaz au moyen d’un appareil établi dans les caves de la maison. La petite taverne de l’Hôtel-de-Ville portait pour enseigne, en lettres colossales, Café du gaz hydrogène, et le gaz hydrogène éclairait, en effet, avec magnificence, ce chétif établissement, hanté par des laquais. Les valets, il est permis de le dire, étaient, à plus d’un titre, mieux éclairés, plus clairvoyants que leurs maîtres, qui allaient, dans les salons de l’Hôtel-de-Ville, persiffler les partisans de l’invention nouvelle.

Cependant ces tentatives isolées avaient commencé d’exciter l’attention du public, et faisaient concevoir quelques espérances. Les industriels surtout paraissaient disposés à accueillir avec faveur un système d’éclairage qui avait au moins l’avantage d’être économique. C’est en vue de satisfaire à ces premières réclamations, qu’une usine à gaz, d’une certaine importance, fut construite, au commencement de l’année 1818, dans le quartier du Luxembourg. On l’installa dans une ancienne église, qui dépendait autrefois du séminaire Saint-Louis, et qui était située derrière la fontaine de Médicis du jardin du Luxembourg, c’est-à-dire près de la rue d’En-