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à celui sur lequel on l’a versé (fig. 35). Puis, en agitant légèrement, on favorise l’évaporation du liquide spiritueux. La glace reste recouverte d’une couche bien égale de collodion et prend une apparence terne et mate.

Fig. 35. — Manière de survider le collodion en excès.

Il s’agit maintenant de rendre cette couche de collodion qui recouvre la plaque, impressionnable à la lumière, en d’autres termes de la sensibiliser. Le collodion est déjà imprégné, comme nous l’avons dit, d’un mélange d’iodures alcalins ; il faut maintenant la plonger dans la dissolution d’un sel d’argent, qui puisse transformer l’iodure, que renferme le collodion, en iodure d’argent.

On forme donc un bain, en dissolvant de 5 à 10 grammes d’azotate d’argent dans 100 grammes d’eau distillée.

Il est essentiel de prendre pour dissoudre le sel d’argent, de l’eau parfaitement pure, car l’eau ordinaire contient des carbonates et des chlorures alcalins, qui précipiteraient l’argent de ses combinaisons. Ce qui importe surtout, c’est que l’eau ne renferme pas de matières organiques, qui se combinent très-facilement avec l’azotate d’argent, et donnent des produits insolubles dans l’eau.

On a remarqué depuis longtemps, qu’un bain un peu acide donne plus de netteté aux épreuves, parce qu’il ralentit leur production. L’azotate d’argent cristallisé a, par lui-même, une réaction acide qui serait favorable à l’opération. Cependant les photographes n’emploient pas ce sel cristallisé, à cause des matières organiques qu’il renferme presque toujours. On emploie l’azotate d’argent fondu. Seulement, comme ce sel subit, par la fusion, un commencement de décomposition chimique, et qu’il devient ainsi alcalin, il faut ajouter à la dissolution d’azotate d’argent fondu quelques gouttes d’acide azotique ou acétique, qui lui donnent une réaction légèrement acide. La neutralité parfaite du bain serait certainement la condition la plus favorable ; mais comme il serait impossible, dans la pratique, d’arriver à cette parfaite neutralité chimique, on donne au bain une réaction un peu acide, comme il vient d’être dit.

La dissolution aqueuse d’azotate d’argent a la propriété de dissoudre l’iodure d’argent ; de sorte que si l’on plongeait la glace collodionnée dans un tel bain, l’iodure d’argent, au fur et à mesure de sa formation, au lieu de rester sur la plaque, mêlé au collodion, se dissoudrait dans le liquide. Il faut donc avoir soin de saturer à l’avance, le bain d’azotate d’argent avec de l’iodure d’argent. Pour cela, on ajoute au bain quelques centimètres cubes du collodion qui a servi à sensibiliser la plaque, et qui renferme, comme on le sait, un iodure soluble. Il se forme de l’iodure d’argent qui se dissout dans l’azotate d’argent en excès, à mesure qu’il se forme et sature le bain de ce composé, de telle manière qu’il ne pourra plus en dissoudre d’autre. Il ne reste plus qu’à filtrer, pour pouvoir employer le bain.

Avec le temps et l’usage, le bain d’azotate d’argent peut s’altérer. En effet, si ce bain n’a pas été entièrement saturé d’iodure d’argent, il se charge d’une nouvelle quantité de ce sel, en même temps que d’alcool et d’éther provenant de glaces collodionnées, et de poussières organiques qui tombent de l’atmosphère. De plus, le collodion employé peut contenir de l’ammoniaque ou, de l’iode, ce