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et de nourrir ce mâle dans un vivier au moment où la laitance est en pleine maturité. De plus, on peut, avec la laitance d’une espèce, féconder les œufs d’une autre espèce, et obtenir par le croisement, de curieux métis. Des œufs de Truite fécondés avec la laitance de Saumon, et expédiés des bords du Rhin, sont éclos dans le laboratoire de M. Coste. On a de même obtenu des produits en fécondant des œufs de Saumon avec de la laitance de Truite.

Tout ce que nous venons de dire jusqu’ici se rapporte aux espèces dont les œufs sont libres. Avec les espèces dont les œufs sont collants, c’est-à-dire attachés par une matière visqueuse, comme chez le Gardon, la Carpe, le Goujon, etc., voici comment il faut opérer.

Dans un vase d’une capacité convenable, on met une quantité d’eau suffisante ; puis on y introduit des bouquets de plantes aquatiques, ou de petites fascines de bois. Les opérateurs sont ordinairement au nombre de trois. L’un délivre la femelle de ses œufs, l’autre exprime en même temps la laitance, le troisième favorise le mélange et l’imprégnation, en remuant doucement dans l’eau les bouquets sur lesquels se déposent et s’attachent les œufs. On rassemble ensuite ces bouquets, qui portent des grappes d’œufs, dans un baquet, avant de les distribuer dans les bassins ou dans les appareils à éclosion. Ceci fait, on renouvelle l’eau du récipient, on y introduit de nouveaux bouquets d’herbes ou de fascines, et on opère comme nous l’avons indiqué tout à l’heure.

Quand la récolte semble suffisante, on installe les bouquets chargés d’œufs dans des conditions diverses qui conviennent au développement des diverses espèces. Ainsi, on placera le produit des Carpes ou des Tanches dans une eau calme ; celui des Vandoises dans une eau médiocrement courante, celui des Barbeaux et des Brèmes dans une eau rapide et peu profonde, etc.

La température de l’eau dans laquelle on opère, est une des conditions essentielles qui assurent le succès de l’opération. Pour les poissons d’hiver, comme la Truite, la température la plus favorable est de 4 à 8° ; pour ceux du premier printemps, comme le Brochet, la température de l’eau doit être de 8 à 10° ; pour ceux de second printemps, comme la Perche, de 14 à 16° ; enfin, pour les poissons d’été, comme la Carpe, le Barbeau, la Tanche, de 20 à 25°. Au reste, on se mettra aisément dans les conditions essentielles que nous venons de passer en revue, en opérant avec l’eau même d’où sort le poisson.


CHAPITRE XI

appareils à éclosion.

Remy et Géhin avaient adopté, après de longues expériences, un appareil d’incubation consistant en une boîte en zinc, de forme ronde, ressemblant assez à une bassinoire, et qui a de 0m,20 à 0m,25 de diamètre sur 0m,10 de profondeur. Le couvercle de cette boîte, dont la hauteur est de 0m,04, est mobile à l’aide d’une charnière, et se fixe au moyen d’un arrêt. Les parois de cette boîte sont criblées de 2 000 trous de 0m,001 environ d’ouverture, ce qui permet à l’eau d’y circuler librement. Le fond de la boîte, légèrement bombé, est garni d’un lit de gravier assez épais sur lequel on verse le produit de la ponte. La boîte étant bien fermée, on la dépose dans un courant d’eau limpide, de manière que l’immersion soit complète, à une profondeur de 0m,04 à 0m,05 d’eau au plus.

M. Millet s’est servi d’un appareil à éclosion qui varie selon les circonstances. Si le développement de l’œuf doit avoir lieu hors de l’eau dans laquelle vivent les poissons, M. Millet prend un vase quelconque, au fond duquel il entasse du sable et du charbon, de manière à constituer un filtre, propre à puri-