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appartiennent son mémoire sur l’élève des Anguilles, et ses charmantes observations sur les Épinoches, poissons de rivière qui, au sein des eaux, nichent comme les oiseaux dans les arbres. Depuis dix ans, professeur d’embryogénie comparée, M. Coste, pour répondre aux nécessités de son enseignement, et montrer à son auditoire le phénomène du développement des êtres, avait souvent recours au procédé de la fécondation artificielle. La question que soulevait la découverte des deux pêcheurs des Vosges, rentrait donc parfaitement dans le cadre de ses études.

M, Coste entreprit, en 1849, l’étude de la pisciculture sur une grande échelle. Il fit construire dans son laboratoire du Collége de France, un vaste appareil pour suivre le développement des œufs de poissons fécondés artificiellement. Il entreprit de perfectionner le procédé de la multiplication artificielle, de transformer en règles certaines des pratiques encore douteuses, enfin de propager et de répandre dans le public la connaissance d’une découverte si importante pour l’avenir des sociétés.

Deux ingénieurs du département du Haut-Rhin, MM. Berthot et Detzem, avaient établi à Huningue, dans le département du Haut-Rhin, aux frontières de la Suisse, de vastes piscines, pour mettre en pratique les méthodes de Remy et Géhin. Ils employaient la boîte à éclosion de Jacobi. Créé en 1851, le petit établissement de Huningue, de MM. Berthot et Detzem, avait déjà pu féconder 3 millions 302 000 œufs d’espèces diverses, qui avaient donné 1 683 200 poissons vivants.

Justement frappé de ce fait, le Ministre de l’agriculture et du commerce confia à M. Coste, la mission d’examiner dans tous ses détails l’établissement de Huningue, et de lui faire connaître les résultats obtenus depuis le commencement de son exploitation.

À la suite de sa visite à l’établissement du Haut-Rhin, M. Coste rendit compte au Ministre des résultats encourageants obtenus par MM. Berthot et Detzem. Il montra, en même temps, tout le parti que l’on pouvait tirer de la situation de Huningue, pour y créer aux frais de l’État et dans un grand intérêt public, un vaste établissement central, où l’on ferait artificiellement éclore une masse considérable d’espèces diverses de poissons, d’où on les dirigerait ensuite, soit à l’état d’œufs fécondés, soit à l’état d’alevin, pour repeupler toutes les rivières et tous les fleuves de la France. Pour réaliser ce vaste projet, M. Coste demandait seulement à l’État une somme de 22 000 fr. et 8 000 fr. pour les frais d’exploitation annuelle.

Un crédit de 30 000 francs ayant été accordé, les travaux de terrassement et de canalisation commencèrent à Huningue, au mois de septembre 1852, Nous décrirons avec soin cet établissement modèle, dans un des chapitres suivants.


CHAPITRE VII

progrès de la pisciculture après l’année 1852. — découverte de la pisciculture maritime. — l’ostréiculture. — le laboratoire vivant de concarneau.

Parmi les personnes qui se sont consacrées, avec dévouement et avec succès, aux progrès de la pisciculture, nous ne devons pas oublier M. Millet, inspecteur des eaux et forêts. On doit à M. Millet quelques observations curieuses et quelques perfectionnements apportés à cet art curieux, qu’il a pu cultiver au quatrième étage d’une maison de la rue de Castiglione.

Jusqu’à cet observateur, on opérait les fécondations artificielles d’un seul coup, c’est-à-dire en pressant sur les côtés du ventre de la femelle. Mais en opérant ainsi, on n’obtenait qu’une très-faible portion d’œufs susceptibles d’être fécondés ; car la masse considérable d’œufs que renferme le poisson, n’atteint pas, en même temps, un degré de maturité égal et convenable ; et de plus