Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/684

Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis cette époque, que quelques études des physiologistes allemands. Aussi l’Académie des sciences décerna-t-elle, en 1832, le grand prix de physiologie expérimentale, au travail embryogénique de MM. Delpech et Coste.

Fig. 545. — Delpech.

De tous les naturalistes de Paris, Cuvier fut le plus vivement frappé des résultats contenus dans le travail des expérimentateurs de Montpellier. Il venait d’achever ses grands travaux de paléontologie ; il venait d’exercer son génie sur les générations éteintes, et de reconstituer, à l’admiration de l’Europe entière, les animaux propres aux mondes disparus. Il entrevoyait dans l’embryogénie un champ tout nouveau, une autre carrière, digne de toutes les forces de son grand esprit. Il se flattait de découvrir peut-être, en observant ex ovo, la formation et le développement des animaux, le mystère de leur origine. Plein de cette idée, Cuvier fit transporter dans son laboratoire du Jardin des Plantes, la couveuse artificielle de M. Coste, et il se mit à répéter avec patience, toutes les observations successives décrites dans le mémoire de M. Coste. Ce dernier se tenait, du matin au soir, dans le laboratoire de Cuvier, pour mettre sous les yeux du grand naturaliste la marche et la série du développement du germe dans l’œuf de l’oiseau.

C’est au milieu de ces recherches que la mort vint frapper Cuvier. Il se trouve un jour, dans son laboratoire, saisi d’un mal subit, inconnu. Des médecins sont appelés en toute hâte, et M. Coste saigne lui-même l’illustre malade. Mais tous les soins sont inutiles, et le grand homme expire, quelques jours après, dans les bras de ses élèves désolés.

Était-ce le choléra-morbus qui venait de faire une grande victime ? On l’a cru, mais le fait n’est point établi.

Le choléra-morbus faisait, en effet, en ce moment même, sa première apparition en Europe. Parti des rivages empoisonnés du Gange, il avait cheminé le long de l’Asie septentrionale, et nous arrivait par le nord de l’Europe, c’est-à-dire par l’Irlande et l’Écosse.

Delpech apprit, à Montpellier, l’invasion du choléra en Écosse. À cette nouvelle, il prit une résolution qui était bien dans sa nature ardente, passionnée pour l’art auquel il avait voué sa vie. Sans demander au Gouvernement de mission particulière, il part en chaise de poste pour se rendre en Écosse et en Angleterre. Il va étudier, au milieu de son foyer, l’épidémie nouvelle et meurtrière, devant laquelle chacun fuit avec épouvante. Il veut étudier la question de la contagion ou de la non-contagion du choléra, problème d’une importance capitale pour tous les pays menacés de l’épidémie asiatique.

Delpech traversa rapidement Paris. Il prit avec lui son élève et son ami, M. Coste, et s’embarqua pour les Îles Britanniques. Il parcourut l’Irlande, l’Écosse et l’Angleterre en proie aux ravages du choléra, visitant les hôpitaux, recueillant les avis et les observations médicales de tous ceux qui avaient soi-