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ment pour les travaux d’assainissement, sont restées à peu près sans emploi, faute de demandes. Mais les propriétaires ont mis cette méthode à exécution à leurs frais, sur d’assez grandes étendues de terrain, et l’expérience générale qui a été faite dans notre pays, est venue fixer les opinions à cet égard.

Il en a été du drainage, comme de beaucoup d’innovations, que l’on a voulu à tort généraliser avant d’en avoir bien apprécié les effets dans tous les pays. Le drainage est une admirable méthode pour assainir les terres humides, dont le sous-sol, trop compacte, retient les eaux et les laisse séjourner trop longtemps dans la couche de terre arable. Mais en ce qui concerne notre pays, un fait domine toute la question. C’est qu’une grande partie du sol de la France, loin d’avoir besoin d’être drainée, ou assainie, n’a pas d’humidité suffisante, se dessèche en peu de jours, et demanderait des pluies fréquentes, qui lui manquent trop souvent, surtout dans nos régions méridionales, où des sécheresses de plusieurs mois consécutifs sont un fait très-ordinaire.

Hors le cas particulier où la terre végétale repose immédiatement sur un fond d’argile, le sous-sol de nos terres arables constitue presque partout un drainage naturel excellent. La craie, les sables siliceux, les roches calcaires, plus ou moins divisées et fendillées, qui forment la plus grande partie du sous-sol de la France, sont d’excellents conducteurs des eaux pluviales, et se laissent pénétrer sans difficulté par ces eaux.

Le propriétaire français, surtout dans nos départements du Midi, devra donc agir avec prudence, et ne pas céder à un entraînement irréfléchi. Il évitera de faire des frais inutiles sur des terres naturellement saines, ou même trop promptes à se dessécher. Sans doute le drainage, comme on l’a dit, ne peut jamais nuire ; si les terres ne renferment pas d’humidité surabondante, il arrivera tout simplement qu’aucun écoulement n’aura lieu par les tuyaux des drains ; mais une dépense de 200 francs par hectare, ne doit pas être faite légèrement, et sans qu’il soit démontré qu’elle est vraiment nécessaire à l’amélioration des fonds.

fin du drainage.