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pier, parce que les parties vivement éclairées noirciront la couche sensible, tandis que les parties obscures, restant sans action, laisseront au papier sa couleur blanche.

L’impression produite par la lumière sur le chlorure d’argent, n’est pas appréciable quand on retire le papier de la chambre obscure : cette image est latente. Il faut la faire apparaître, par l’action d’un agent révélateur. Cet agent révélateur, c’est l’acide gallique. Comment l’acide gallique produit-il cet effet ? En se combinant avec l’oxyde d’argent rendu libre par l’action de la lumière. Il se forme ainsi un sel d’une coloration noire très-intense, le gallate d’argent. Les parties que la lumière a touchées se chargent de gallate d’argent, les parties restées dans l’ombre demeurent exemptes de ce sel coloré. Ainsi se produit et apparaît sous les yeux de l’opérateur, un dessin qui reproduit l’image du modèle avec des tons inverses de ceux de la nature.

Maintenant, si, grâce à l’action dissolvante de l’hyposulfite de soude, on débarrasse le papier de l’excès du chlorure d’argent non impressionné par la lumière, on obtiendra une sorte de silhouette, dans laquelle les parties éclairées du modèle seront représentées sur l’épreuve, par une teinte noire, et les ombres par des blancs. C’est ce que l’on nomme une image inverse, ou négative, selon l’expression consacrée.

Enfin, si l’on place cette image sur une feuille de papier imprégnée de chlorure d’argent, et qu’on expose le tout à l’action directe du soleil, l’épreuve négative laissera passer la lumière à travers les parties transparentes du dessin et lui fermera passage dans les portions opaques. Le rayon solaire, allant ainsi agir sur le papier sensible placé au contact de l’épreuve négative, donnera naissance à une image sur laquelle les clairs et les ombres seront placés dès lors dans leur situation naturelle. On aura donc formé ainsi une image directe, ou positive.

Le procédé pratique de la photographie sur papier se compose, d’après cela, de deux séries distinctes d’opérations : la première ayant pour effet de préparer l’image négative ; la seconde, de former l’épreuve redressée ou positive.

On obtient l’épreuve négative en recevant l’image de la chambre obscure sur un papier enduit d’iodure d’argent mélangé d’une petite quantité d’acide acétique ; ce papier sensible est appliqué contre un carton léger, auquel il adhère par son humidité.

Au bout de trente à cinquante secondes, l’effet chimique provoqué par la lumière est produit ; l’iodure d’argent se trouve décomposé dans les parties éclairées, et dans tous les points sur lesquels a porté la lumière, l’oxyde d’argent est devenu libre.

La faible altération chimique qui vient d’avoir lieu, n’est en aucune façon, accusée à la surface du papier, qui n’offre encore aucune trace visible de dessin. Il faut pour la faire apparaître, pour la développer, selon le terme consacré, un agent chimique spécial. Si l’on arrose l’épreuve avec une dissolution d’acide gallique, ce composé forme, avec l’oxyde d’argent qui existe à l’état de liberté à la surface du papier, un sel, le gallate d’argent, d’une couleur noir foncé, et l’image apparaît subitement. Il ne reste plus qu’à enlever l’excès du composé d’argent non influencé, afin de préserver le dessin de l’action ultérieure de la lumière. On y parvient en lavant l’épreuve avec une dissolution d’hyposulfite de soude ou de sel marin qui dissout immédiatement l’iodure d’argent non altéré par la lumière.

Pour obtenir l’image positive, on place l’épreuve négative obtenue par les moyens qui viennent d’être indiqués, sur un papier imprégné de chlorure d’argent ; on les serre tous les deux entre deux glaces, l’épreuve négative en dessus, et l’on expose le tout au soleil, ou à la lumière diffuse. La durée de cette exposition varie depuis une demi-heure