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la soumit à tous les lavages, à toutes les frictions possibles. Aucune supercherie ne fut découverte, aucune substance ne fut reconnue comme ayant été appliquée frauduleusement sur la peau, pour produire cet étrange stigmate. Le miracle fut donc tenu pour authentique, et les deux nouveaux convertis furent, à partir de ce jour, en grande vénération à Constantinople.

Si les bons musulmans avaient été mieux inspirés, ils auraient reconnu que la marque de la main imprimée sur la poitrine de l’un des juifs, était la reproduction exacte, par ses dimensions et sa structure, de la main de l’autre juif.

Voici, en effet, comment s’y étaient pris nos deux fripons. L’un s’était couché au soleil, la poitrine nue, et l’autre avait tenu sa main ouverte sur la poitrine du premier. Ils avaient eu la patience, tout orientale, de passer ainsi trois semaines. Au bout de ce temps, le soleil avait répandu sur la peau du juif couché, une teinte brun foncé, tandis que la partie protégée par la main ouverte, était demeurée blanche.

Ce stigmate miraculeux n’était qu’une impression photographique, dans laquelle la peau était la substance impressionnée, et le soleil la substance impressionnante. Après cette digression, nous reviendrons à l’histoire de la photographie, que nous terminerons en revendiquant pour un savant anglais, pour l’astronome John Herschell, la découverte de l’un des plus importants agents de la photographie sur papier.

Fig. 21. — John Herschell.

Ce n’est pas tout, en effet, de posséder, avec l’acide gallique, un excellent agent révélateur. Il faut aussi un réactif chimique d’une efficacité certaine pour obtenir la fixation de l’image, pour la rendre absolument inaltérable à l’action ultérieure de la lumière. L’agent fixateur universellement en usage, et le meilleur pour cette opération, c’est l’hyposulfite de soude.

Selon M. Van Monckhoven, auteur d’un excellent Traité de photographie, l’œuvre la plus sérieuse qui ait paru sur cette matière, on doit la découverte de l’efficacité de l’hyposulfite de soude comme fixateur des images sur papier, au physicien astronome John Herschell.

Il nous reste à décrire le procédé de photographie sur papier découvert par M. Talbot et vulgarisé en France par M. Blanquart-Évrard.

Avant de faire connaître ce procédé pratique, exposons la théorie générale de l’opération.

Tout le monde sait que les sels d’argent, naturellement incolores, particulièrement le chlorure, le bromure et l’iodure d’argent, étant exposés à l’action de la lumière solaire ou diffuse, noircissent promptement, par suite d’une décomposition chimique provoquée par l’agent lumineux. D’après cela, si l’on place au foyer d’une chambre obscure, une feuille de papier imprégnée d’iodure d’argent, l’image formée par l’objectif s’imprimera sur le pa-