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effet d’une ouverture circulaire, comme pour un raccordement ordinaire.

Quand l’abondance des eaux oblige à placer plusieurs tuyaux verticaux les uns à côté des autres, on peut les recouvrir, comme l’indique la figure 18, par une espèce de voûte en pierres sèches formant l’origine du drain de décharge.

La disposition des tranchées, en plan, varie nécessairement avec la disposition des lieux ; mais il est bien rare que quelques tuyaux groupés au centre même du terrain bourbeux ne suffisent pas à son assainissement. Des tuyaux verticaux placés dans un drain à 8 ou 10 mètres les uns des autres enlèvent déjà un énorme volume d’eau.

Quand on a placé des tuyaux verticaux dans un terrain, il convient, avant de recouvrir le drain de décharge, d’attendre que le régime des eaux soit bien établi, afin de proportionner le diamètre ou le mode de construction du drain au volume d’eau à débiter.

La longueur des colonnes de tuyaux dépend nécessairement de la nature du sol où l’on opère. On les enfonce autant que le permet la résistance du terrain ; souvent on atteint des profondeurs de 4, 5 et 7 mètres et plus, qui, ajoutées à la profondeur de la tranchée, placent l’extrémité inférieure du tuyau à 8 ou 9 mètres au-dessous du sol. Chacun de ces tuyaux fonctionne, sur toute sa longueur, comme un drain ordinaire. On opère donc ainsi un drainage vertical d’une très-puissante action sur les eaux remontantes, ou sur les eaux descendantes, si l’on atteint une couche absorbante ; ce qui, du reste, arrive assez rarement[1]. »


CHAPITRE VIII

fabrication des tuyaux de drainage. — préparation des terres. — machines à fabriquer les tuyaux. — machine économique. — séchage et cuisson des tuyaux.

Nous avons déjà insisté sur ce point, que, parmi tous les matériaux à employer pour garnir les saignées souterraines destinées au drainage, les plus économiques, les plus durables, sont les tuyaux en poterie, à section circulaire. Nous devons donc entrer dans quelques détails sur la fabrication de ces tuyaux.

Développer cette fabrication dans une contrée, c’est y populariser le drainage. L’Angleterre, la Belgique et la France, se sont particulièrement fait remarquer dans cette voie.

La fabrication des tuyaux comprend quatre opérations distinctes, que nous allons passer rapidement en revue. Ce sont : la préparation des terres, le moulage, le séchage et la cuisson.

Préparation des terres. — Les tuyaux de drainage doivent être résistants, pour subir les transports sans se briser, pour être maniés sans trop de précautions, pour ne pas s’altérer sous la longue action des eaux souterraines. Des argiles, plus ou moins sableuses, des marnes argileuses, mais non pas calcaires et des terres plastiques, sont employées à la confection des tuyaux de drainage. C’est en mélangeant ces matières entre elles, ou avec d’autres substances, qu’on obtient une bonne pâte.

Cette pâte doit être plastique, c’est-à-dire se laisser façonner sous la pression intelligente des doigts de l’ouvrier, et supporter sans se gercer ni se déformer sensiblement, les efforts et les résistances inertes des machines. Mais cette plasticité ne doit pas être poussée trop loin ; car les pâtes douées d’une ductilité excessive, sèchent difficilement et inégalement, se déforment et souvent se fendent au feu. Pour arriver à une pâte convenable, on corrige les terres l’une par l’autre. Si, par exemple, on a sous la main de la marne argileuse, c’est-à-dire une terre trop forte, on la dégraisse avec du sable, ou avec des pâtes déjà cuites et pulvérisées (ciment) ou avec des scories de forge, quelquefois même avec des cendres de houille. Si, au contraire, la terre manque de liant, si elle n’est pas assez plastique, on y mêle de la terre glaise.

Il peut arriver pourtant qu’on rencontre une terre assez bonne pour n’exiger aucun mélange, et servir immédiatement à la fabrication des tuyaux. Indiquons, en conséquence, les propriétés dont cette terre doit jouir. 1o Elle doit être ductile, ferme et adhérente, c’est-

  1. Instructions pratiques sur le drainage, in-18, 2e édit., p. 82, 85.