Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sevelies. Daguerre a découvert dans les vapeurs de mercure, l’agent révélateur des images formées sur le métal ; Talbot découvrit dans l’aride gallique, l’agent révélateur propre aux images formées sur le papier. Le nom de l’amateur anglais doit donc venir après celui de Daguerre, dans l’ordre d’importance des découvertes qui ont créé la photographie.

Fig. 19. — M. Fox Talbot.

M. Talbot continuait ses recherches, lorsqu’il fut surpris par la publication des travaux de Daguerre. Quelques mois après, il fit connaître en Angleterre, l’ensemble de sa méthode. La Société royale de Londres en reçut la communication, et le Philosophical Magazine du mois de mars 1839, publia un article de M. Talbot, contenant la description de ses procédés et de sa méthode générale, que l’auteur appelait Calotypie.

Le 7 juin 1841, dans une lettre adressée à M. Biot, et présentée par ce savant à l’Académie des sciences de Paris, M. Talbot donna la description de son procédé pour obtenir des reproductions photographiques sur papier.

On a peine à comprendre comment la publication faite en Angleterre, de la méthode de M. Talbot, en 1839, et la communication de cette même méthode faite par Biot, à l’Académie des sciences de Paris, en 1841, n’attirèrent pas davantage l’attention. Mais on était alors au milieu de l’enivrement causé par la découverte de Daguerre, et la communication de M. Talbot à l’Académie des sciences de Paris, confondue avec une foule de procédés sans intérêt, qui surgissaient de toutes parts, à cette époque, ne fut pas appréciée à sa juste valeur. Quelques personnes essayèrent d’obtenir des images en suivant les indications fournies par M, Talbot ; mais elles ne réussirent qu’imparfaitement, ce qui fit croire que l’inventeur n’avait dit son secret qu’à moitié.

La photographie sur papier tomba donc parmi nous dans un délaissement complet. Seulement quelques artistes anglais, munis de quelques renseignements plus ou moins précis, empruntés à la communication faite par M. Talbot à la Société royale de Londres, parcouraient la France, vendant aux amateurs le secret de cette nouvelle branche des arts photographiques, et dans Paris circulaient un certain nombre d’épreuves représentant des modèles inanimés, obtenues par un employé du ministère des finances, M. Bayard, qui toutefois cachait avec grand soin le procédé dont il faisait usage.

C’est dans ces circonstances que M. Blanquart-Évrard, qui avait eu connaissance, comme nous l’avons dit, des procédés de M. Talbot par M. Tanner, fit paraître son mémoire. Ce travail reproduisait, avec peu de changements, la méthode de M. Talbot, seulement, les descriptions qu’il renfermait étaient plus précises et plus complètes que celles qu’avait données le physicien anglais dans sa