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Fig. 405. — Le Royal-Sovereign, navire à tourelles, ou monitor de mer, de la marine anglaise, construit en 1862.

Sans aucune mâture, le Miantonomoah est mû par deux hélices indépendantes ; sa cuirasse, épaisse de 0m,15, règne sur une hauteur totale de 2m,10.

Malgré l’heureuse traversée faite par le Miantonomoah d’Amérique en Europe, les marins ne le considèrent encore que comme un garde-côtes.

« Ces traversées, dit un écrivain des plus autorisés[1], font honneur, nous aimons à le dire, à la trempe énergique des hommes de la marine fédérale ; mais elles ne prouvent pas que le Monitor soit autre chose qu’un garde-côtes, et c’est comme garde-côtes que nous le voyons figurer dans presque toutes les marines, en Angleterre, en Russie, en Suède, en Danemark, etc.

« Le Monitor américain, dit encore le même écrivain, n’est point un navire de mer : il n’a du navire de mer ni les qualités de marche et d’évolution, ni surtout cette faculté indispensable que les Anglais expriment par un seul mot, buoyancy, ce que nous appelons l’aptitude à flotter, la faculté d’immersion. Cette aptitude à flotter réclame un certain relief, une certaine élévation des œuvres mortes ; c’est là une condition sine qua non pour les navires de mer. »

Les rapports du capitaine Fox apprennent que debout à la lame, par une grosse mer, l’avant du Miantonomoah plongeait à tel point que le paquet d’eau venait se briser sur la tourelle de l’avant, et que le tir des canons en chasse devenait impossible. Il en était de même du tir en retraite par une houle un peu forte venant de l’arrière. Enfin, il est notoire qu’à son départ d’Angleterre pour la Russie, ce bâtiment a couru de réels dangers dans la mer du Nord.

Au reste, beaucoup d’Américains ont répété que souvent remorqué par son compagnon de voyage, l’Augusta, le Miantonomoah n’abandonnait les remorques et ne poussait ses feux que près des côtes, au moment venu de faire dans un port une entrée triomphale.

  1. Amiral V. Touchard, À propos du combat de Lissa (Revue maritime et coloniale, 1867).