nitor, qui sortit sain et sauf de ce terrible assaut ; au contraire la proue du Merrimac se brisa sur la cuirasse du Monitor.
Le combat fut terminé par la retraite du Merrimac qui n’avait reçu que quelques avaries légères, mais dont le capitaine avait été mortellement blessé par un boulet, entré par l’un des sabords. Ce capitaine se nommait Franklin-Buchanan, et la veille, il avait fait prisonnier son propre frère, officier de la marine fédérale à bord du Congress. Du reste, le commandant du Monitor, le lieutenant Worden, avait été blessé lui-même, dans sa cabine de fer.
En résumé le Monitor ne fit aucun mal au Merrimac. De son côté, le Merrimac, vieille frégate rapidement transformée en frégate cuirassée, était trop faible de charpente, et mû par une machine à vapeur trop peu puissante, pour pouvoir tenter avec succès le choc contre son adversaire.
Ajoutons, pour terminer ce chapitre, que le Monitor n’était bon que pour la navigation en rivière ; il était impropre à tenir convenablement la mer, et bien des incidents ont montré qu’il navigue difficilement et qu’il est presque inhabitable. Un officier du Monitor, dans une lettre publiée par le Times, après mille éloges adressés à son bâtiment, dont le combat d’Hampton-Road l’a rendu enthousiaste, terminait en disant : « Il y aurait moins de danger à combattre douze fois contre le Merrimac qu’à retourner à New-York à bord du Monitor. »
CHAPITRE X
Le combat d’Hampton-Road était fait pour appeler l’attention sur la nature des services auxquels étaient propres les monitors. Les idées du capitaine Coles gagnèrent donc quelque faveur en Angleterre. Le 4 avril 1862, par ordre de l’amirauté, le vaisseau à trois ponts de 130 canons, le Royal-Sovereign, entrait dans un des bassins de Portsmouth, pour y être rasé de ses deux ponts supérieurs, et pour recevoir cinq tourelles tournantes, armées chacune d’un canon lançant un boulet de 300 livres.
Les modifications qu’il a fallu faire subir au bâtiment, pour répondre à ce programme, ont été considérables, et n’ont pas rencontré, même en Angleterre, une approbation unanime. Ce que l’expérience a clairement montré, c’est que le Royal-Sovereign ainsi transformé, est incapable de naviguer ; que dès lors, son rôle est réduit à celui de garde-côtes, et que même pour ce dernier emploi, en raison de son fort tirant d’eau (6m,55 à l’avant, 7m,58 à l’arrière), il est mal réussi.
Les partisans de ce système firent valoir que les indications du capitaine Coles auraient chance d’être suivies avec plus de succès sur une construction neuve. L’amirauté, fidèle à sa coutume d’expérimentation, fit construire en 1862-64, chez Samuda frères, le navire à tourelles le Prince-Albert. Voici les éléments principaux de ce bâtiment, dont la coque est en fer :
Longueur |
73m,14 |
Largeur |
14m,64 |
Tirant d’eau au milieu |
6m,34 |
Déplacement |
3 870 tonn. |
Force nominale de la machine |
500 chev. |
Nombre de bouches à feu |
4 |
Hauteur des sabords des tourelles au-dessus de la flottaison |
3m,50 |
Épaisseur de la cuirasse |
0m,115 |
— du matelas qui reçoit la cuirasse |
0m,46 |
Il revient à 5 420 000 francs.
En outre, le gouvernement anglais fit l’acquisition pour le prix de 2 800 000 francs chacun, de deux navires à tourelles, la Wivern et le Scorpion, construits par MM. Laird, de Birkenhead, et primitivement destinés aux Américains du Sud. Ces navires, longs de