Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/563

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mensions et une puissance offensive inconnues jusqu’ici, en Angleterre, à bord des bâtiments. Ce sont des canons rayés pesant 18 tonnes (18 288 k.) chacun, que l’on tire avec 50 kilogrammes de poudre. Malgré le poids énorme de ces bouches à feu, elles seront placées à une hauteur considérable au-dessus de la flottaison, les sabords de la première batterie étant élevés à 3m,35 au-dessus de l’eau. Quoique les pièces montées à bord de l’Hercules soient destinées à fonctionner en batterie, leur champ de tir horizontal ne sera pas limité à l’angle de 50 ou 60 degrés, ce qui est le cas des canons ordinaires de batterie. Au contraire, on a pris des dispositions imaginées par le capitaine Scott, pour transporter, lorsque cela est nécessaire, les canons des sabords du travers aux sabords qui occupent l’avant et l’arrière du réduit, d’où ils fournissent un feu presque droit dans la direction de l’axe du navire, ainsi qu’un champ de tir considérable dans les parties voisines de l’avant et de l’arrière. Pour obtenir ce résultat avec promptitude et sécurité, de grandes plates-formes tournantes qui portent les canons sont disposées sur le pont de la batterie, pour les faire passer d’un sabord à l’autre.

En outre de ces canons de 18 tonnes, l’Hercules portera deux canons de 12 tonnes (12 192 k.) sur son premier pont. L’un d’eux tirera droit sur l’étrave, à l’abri de la cuirasse, tandis que l’autre occupera une position analogue à l’arrière.

L’armement des gaillards consistera en quatre canons de six tonnes et demie (6 608 k.), dont deux commanderont tout l’avant ainsi que chaque travers, et les deux autres commanderont tout l’arrière d’une façon analogue. Les canons des gaillards seront à 4m,88 au-dessus de la flottaison, et bien qu’ils ne soient pas protégés par un blindage, ils augmenteront notablement la puissance offensive du bâtiment. Cette puissance offensive reçoit aussi une aide puissante d’un énorme éperon marin en fer.

On assure que l’Hercules est à l’épreuve de toute artillerie aujourd’hui connue qui pourrait être employée contre lui. Pour donner une idée de la force de sa muraille aux environs de la flottaison, nous n’aurons qu’à énumérer les matériaux dont elle est composée. Sa muraille consiste en plaques de fer de 0m,23 appuyées sur un matelas de 0m,30 en bois de teak, puis sur une coque en fer de 0m,038 d’épaisseur.

En outre, il y a une autre double couche de teak, formant une épaisseur de 0m,53, une seconde coque en fer de 0m,019, et en dedans de tout cela une troisième rangée de couples de 0m,0178 de largeur.

L’équipage de l’Hercules sera de 650 hommes. La machine, fournie par MM. Penn, sera de 1 200 chevaux nominaux anglais et pourra développer 7 200 chevaux effectifs. Ce sera la machine la plus puissante qui aura été construite en Angleterre, et le navire devra réaliser une vitesse moyenne de 14 nœuds.

L’Hercules a été mis à l’eau, à Chatham, le 10 février 1868 ; mais il ne sera probablement en état de prendre la mer qu’en 1869. Il doit porter une forte mâture rappelant celle des anciens vaisseaux de ligne, et seulement un appointement de trois jours de charbon. Beaucoup d’officiers de la marine anglaise critiquent cette disposition de l’armement et préféreraient qu’une mâture plus légère permît d’accroître le rayon d’action de l’appareil à vapeur.

Tels sont les derniers modèles des navires anglais armés en batterie, et appelés broadside-ships. Une autre classe de navires cuirassés désignés sous le nom de navires à tourelles, (turret-ship), compte aussi en Angleterre quelques spécimens : ils feront l’objet du chapitre suivant.

Une escadre d’essai, composée des bâtiments cuirassés, Achilles, Bellerophon, Caledonia, Hector, Lord Clyde, Ocean, Pallas, Research et Wiverx fut réunie, en 1866, sous