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ou au-dessous de la flottaison, on a indiqué par des lettres particulières (AA′, BB′, D) cette épaisseur variable, qui est de 0m,11 et de 0m,15 au-dessus de la flottaison, ensuite de 0m,15 et de 0m,12 au-dessous de ce point.

La mise en chantier de la Gloire excita bien des critiques, et fut pour la plupart des marins un objet d’étonnement et d’inquiétudes. On avait encore devant les yeux toutes les difficultés que l’on avait éprouvées pour faire naviguer dans la Baltique les batteries flottantes cuirassées, et beaucoup de marins doutaient du succès de l’entreprise. Des critiques en règle parurent dans les journaux anglais, contre la nouvelle construction navale tentée en France, et elles partirent même du sein du parlement britannique. « Eh quoi ! disait-on, charger ainsi de fer les parties hautes de la coque d’un navire ! Mais l’instabilité sera le moindre des défauts d’une pareille construction ! Jamais un navire à vapeur ne pourra supporter, sans s’altérer dans ses formes et ses qualités nautiques, un si grand excès de poids ! »

Toutes ces critiques n’ébranlaient pas la clairvoyance de l’Empereur. Par ses ordres, on hâta, dans les chantiers de Toulon, l’achèvement de la Gloire.

Cette frégate fut mise à l’eau le 24 novembre 1859. À cette date, ni l’Angleterre ni l’Amérique n’avaient encore absolument rien entrepris dans le même ordre d’idées.

Nous donnons (fig. 394) le dessin de cette frégate célèbre. Voici ses dimensions principales :

Longueur à la flottaison en charge 
77m,25
Largeur au fort 
17m,00
Tirant d’eau moyen en pleine charge 
7m,76
Hauteur de batterie en pleine charge 
1m,90
Charbon pour la machine 
650 tonneaux.
Poids de la cuirasse 
820 tonnes.
Déplacement d’eau du navire 
5 620 tonneaux.
Équipage 
575 hommes.
Force nominale de la machine 
800 chevaux.
Force effective 
3 200
Vitesse 
13,5 nœuds.

L’armement primitif se composait de 34 canons de 30, rayés, placés en batterie, et de 2 pièces de fort calibre, placées sur le gaillard, pour tirer en chasse et en retraite.

La cuirasse de fer règne de l’avant à l’arrière, et descend du pont du gaillard jusqu’à environ 1m,20 au-dessous de la flottaison ; l’épaisseur de ce blindage est de 0m,12.

L’avant, sans guibre et sans beaupré, offre une étrave coupante, bardée de plaques de fer en forme de V. Il est fait pour tailler, comme une hache formidable, les flancs du vaisseau ennemi.

La mâture, réduite à sa plus simple expression, n’a été considérée que comme un simple auxiliaire, qui permettra, dans certains cas, d’économiser le charbon. Ainsi la surface de voilure n’est que de 1 500 mètres carrés, alors que celle du Napoléon est de 2 852 mètres.

Pour l’importance des approvisionnements et les qualités nautiques, la Gloire ne le cède en rien aux vaisseaux à vapeur les plus rapides.

En même temps que l’on construisait la Gloire, à Toulon, on mettait en chantier, à côté de cette frégate, l’Invincible ; et le port de Cherbourg était chargé de livrer la Normandie, d’après le même type.

Les coques de ces frégates sont en bois. Il était intéressant d’étudier sur le même programme la construction d’une frégate toute en fer, qui pourrait être blindée comme les frégates de bois la Gloire, l’Invincible et la Normandie, à la faveur d’un matelas en bois interposé entre la coque et la cuirasse. Ce travail fut confié à un ingénieur distingué de la marine impériale, M. Audenet. La nouvelle frégate, qu’il eut à dessiner et à construire, fut mise en chantier dans le port de Lorient, au mois de septembre 1858, sous le nom de la Couronne. Ses proportions et sa puissance motrice sont sensiblement les mêmes que celles de la Gloire.