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2o Une flotte de transport, comprenant toute la flotte de transition, composée de vaisseaux mixtes, qui n’étaient pour la plupart que des anciens bâtiments à voiles transformés en navires à vapeur, avant l’adoption du type rapide, et dont la machine à vapeur, de puissance médiocre, n’était guère qu’un moteur auxiliaire ;

3o Des bâtiments spéciaux pour la défense des ports ;

4o Enfin, pour les transports économiques, en temps de paix, des bâtiments à voiles.

Ce large programme fut sanctionné par l’Empereur, le 23 novembre 1857.

Mais quel devait être « ce bâtiment de la plus grande puissance que l’art pût exécuter ? » Devait-on s’en tenir au type Napoléon ? N’était-ce pas trop exiger que de vouloir ajouter encore à toutes les qualités de ce navire, l’invulnérabilité des batteries flottantes ? N’était-il pas à craindre qu’un pesant blindage en fer ne compromît ses belles qualités nautiques ?

Le célèbre constructeur du Napoléon, M. Dupuy de Lôme, avait été appelé à Paris, le 1er janvier 1857, et investi de la direction de notre matériel naval, au Ministère de la marine. Cet ingénieur éminent tenait toute prête la réponse aux questions posées plus haut. Il avait déjà présenté à l’Empereur le plan d’une frégate cuirassée, plan qu’il avait élaboré et annoncé depuis longtemps. C’était le plan d’un bâtiment à grande vitesse, capable de faire un bon navire pour la guerre de course ou d’escadre, et assez fortement bardé de fer pour braver, même à bout portant, les coups de la plus puissante artillerie. En demandant les fonds nécessaires à la construction de la Gloire, M. Dupuy de Lôme écrivait : « Un seul bâtiment de cette espèce, lancé au milieu d’une flotte entière de vaisseaux de bois, y serait, avec ses 36 pièces, comme un lion au milieu d’un troupeau de moutons. »

Fig. 392. — M. Dupuy de Lôme.

Nous demanderons au lecteur la permission de suspendre un instant notre récit, pour donner quelques détails biographiques sur l’ingénieur illustre à qui la France a dû l’idée et l’exécution de tous les types de sa marine cuirassée, types que les nations étrangères n’ont eu qu’à se donner la peine de copier. Nous emprunterons ces détails à une publication moderne, Panthéon des Illustrations françaises au xixe siècle :

Dupuy de Lôme (Stanislas-Charles-Henri-Laurent), est-il dit dans cette publication, est né à Ploemeur, près de Lorient, le 15 octobre 1816.

Fils d’un ancien officier de marine, il entra, en 1835, à l’École polytechnique, et choisit à sa sortie la carrière du génie maritime.

En 1842, il fut envoyé en Angleterre pour y étudier la construction des navires en tôle de fer. Au retour, il rédigea, d’après ses observations, un mémoire sur les données duquel furent entreprises les premières constructions de ce genre qui aient été faites en France pour la navigation maritime. Plusieurs bâtiments légers furent exécutés à cette époque sur les indications de ce mémoire, et parmi eux le Caton, de 160 chevaux, qui a été longtemps un des meilleurs avisos de la flotte.