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intérieur, dans lequel on place la charge à la manière ordinaire.

Le troisième groupe renfermera les armes, dont le mécanisme découvre la partie postérieure du tonnerre.

1er groupe. — Au premier groupe, appartient l’amusette du maréchal de Saxe, qui fut quelque temps en usage sous Louis XIV et sous Louis XV.

L’amusette était un gros fusil, qui se chargeait sans cartouche, en plaçant la poudre et le projectile dans la culasse de l’âme, qui s’ouvrait dans ce point. Elle lançait des balles de plomb d’une demi-livre. On la posait, au moment du tir, sur une sorte d’affût, que manœuvraient deux hommes. Le maréchal de Saxe en fit construire une grande quantité ; il adapta le même mécanisme aux carabines de la cavalerie, et il dota de cette arme les dragons de son régiment. Mais ce système ne présentait que des inconvénients, et l’on ne tarda pas à l’abandonner. Le chargement opéré sans cartouche, était dangereux pour le soldat, en même temps qu’il nuisait à la régularité du tir. De plus, l’encrassement était considérable, et des crachements se produisaient. Enfin, l’arme pouvait partir sans que le tonnerre fût fermé et, se déchargeant par la culasse, aller tuer le tireur.

Il faut arriver aux premières années de notre siècle, pour trouver, en France, un second essai de ce genre. Sur la demande de l’empereur Napoléon Ier, l’armurier Pauly, dont nous avons parlé à l’article des capsules fulminantes, construisit, en 1808, un fusil se chargeant par la culasse, et dans lequel la poudre s’enflammait par le choc d’une petite tige de fer contre une amorce fulminante. La partie supérieure du canon s’ouvrait pour découvrir le tonnerre.

Cette arme, que nous avons déjà décrite en quelques mots (page 476), était trop défectueuse pour qu’on songeât à l’appliquer à la chasse ou à la guerre ; mais elle eut cela de bon, qu’elle mit les esprits en éveil et les dirigea dans une voie qui devait être féconde en résultats brillants.

2e groupe. — Nous glisserons rapidement sur cette catégorie, qui ne renferme presque aucune arme digne d’attention. Disons seulement que les divers systèmes proposés avaient les défauts graves de s’encrasser rapidement, de manquer de solidité et de ne fournir qu’une obturation incomplète de l’arme.

3e groupe. — Ce groupe, qui renferme les armes modernes, se subdivise en deux sections comprenant : la première, les armes qui se brisent en deux, laissant à découvert le tonnerre ; la seconde, les armes dans lesquelles l’arme n’est jamais brisée, le canon restant fixe au moment de la charge.

Dans la première section, figurent les systèmes Julien Leroy, Lepage, Gastine-Renette et Lefaucheux.

Dans le système Julien Leroy, imaginé en 1813, le canon se rabat sur le côté gauche, parallèlement à lui-même, en tournant autour d’un axe horizontal parallèle au canon. Pour faire tourner le canon, il suffit d’agir sur un ressort à crochet, dont l’extrémité, située au-dessous de la poignée, affecte la forme d’une détente. Quand la rotation du canon sur son axe a découvert le tonnerre, on opère le chargement ; puis on referme le tonnerre par le même mécanisme.

Dans le mousqueton Lepage, une sorte de capuchon à taquet maintient le canon fixé au fût de bois. Lorsqu’on pousse le capuchon vers la gauche, on dégage le taquet, et le canon tourne librement de droite à gauche autour d’un axe vertical implanté dans la monture. On introduit alors la charge dans le tonnerre, puis on rétablit les choses dans leur état primitif, par une opération inverse. Ce mousqueton fut expérimenté, en 1835, dans plusieurs régiments de cavalerie.

Le système Gastine-Renette est la reproduction presque littérale du système Julien