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fut emprunté à un simple incident de combat arrivé en 1641, entre des paysans basques et des contrebandiers.
Fig. 348 et 349. — Fusil et baïonnette à douille du temps de Louis XIV.
Les Basques avaient épuisé leurs munitions et se voyaient réduits à l’impuissance, lorsqu’il leur vint une idée désespérée : c’était d’attacher leurs longs couteaux au bout de leurs mousquets. Grâce à ce moyen, ils eurent facilement raison de leurs adversaires. Cet événement fit du bruit, et amena à créer la baïonnette, qui reçut son nom de la ville de Bayonne, où l’on fabriqua, pour la première fois, ces instruments offensifs.

Dès 1649, on commença à remplacer la pique par une lame de 0m,32 de long sur 0m,005 de large, fichée dans une hampe en bois. On enfonçait cette hampe dans le canon du mousquet, et l’on s’en servait comme d’une pique. Mais on en retirait peu d’avantages, parce qu’elle empêchait le tir en bouchant le canon, et que, d’ailleurs, sa simple introduction dans le canon du fusil ne l’assujettissait pas avec la solidité suffisante.

En 1691, un perfectionnement de premier ordre vint centupler l’importance de la baïonnette. Le général anglais Mackay imagina la baïonnette à douille, qui se fixe au canon extérieurement, et qui permet de tirer même lorsqu’elle est attachée au bout du fusil.

La figure 349 représente la baïonnette à douille, telle qu’elle était employée dans l’armée française sous Louis XIV. La figure 348 représente le fusil de la même époque.

Tous les fusils furent pourvus de baïonnettes, sur la proposition et les instances de Vauban, et à partir de ce moment, la pique fut radicalement supprimée dans l’armée française.

Bien que le fusil réalisât un grand progrès sur l’arquebuse et le mousquet, il n’était cependant pas sans défauts. En premier lieu, l’amorce n’était pas encore suffisamment soustraite à l’action du vent et de la pluie ; la lumière se bouchait facilement. Après un petit nombre de coups, la batterie s’encrassait, la pierre également ; par suite, l’étincelle était quelquefois longue à se produire, et les ratés se multipliaient. Enfin, la batterie se dérangeait fréquemment, et nécessitait, pour être réparée, la main de l’armurier.

Pendant tout le xviiie siècle, on s’attacha