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parallélipipède. L’écartement des deux faces parallèles croît ou diminue selon le mouvement imprimé à la vis, mouvement qui fait glisser l’une sur l’autre les deux faces obliques.

Chacun de ces coins présente une ouverture circulaire d’un diamètre un peu plus grand que l’âme. Quand il s’agit de charger la pièce, on tourne la vis de façon à diminuer l’épaisseur de l’obturateur, puis on amène les ouvertures des coins dans le prolongement de l’âme. La charge mise en place, on repousse l’obturateur, et on écarte les deux coins pour les forcer dans leur logement.

Avec ce système il est nécessaire de renouveler à chaque coup le disque de papier mâché, et de le mettre avec attention dans la position voulue, pour que les mouvements de translation de l’obturateur ne le déplacent pas.

Le système dit prussien n’est appliqué qu’à quelques pièces de la marine, lesquelles même ne sont pas réglementaires. On a proposé en Prusse, différents autres systèmes de fermeture pour les canons se chargeant par la culasse. Nous passons sous silence ces détails, qui deviendraient fastidieux. On voit au musée d’artillerie de Paris, au bas du grand escalier conduisant aux galeries du premier étage, une plate-forme contenant dix modèles de fermeture de canon, offerts par M. Krupp à l’empereur Napoléon III.

On a remarqué, en Angleterre, le système du lieutenant-colonel Clay, de la compagnie des fers et aciers de la Mersey à Liverpool. Cet appareil consiste en un disque circulaire vissé dans la culasse, grossie à sa partie inférieure pour le recevoir. Il est percé d’une ouverture correspondant à l’âme de la pièce, dans la position du chargement. En vissant le disque, à l’aide de sa manivelle, on détruit le parallélisme, et par ce simple mouvement on passe à la position de tir. Ce système est de tous le plus simple et le plus rapide, mais il a l’inconvénient de ne permettre que la soupape en papier mâché, et de ne point aider à son placement convenable. Il nous paraît très-applicable aux pièces de petit calibre. La vis n’est pas assez soutenue pour résister aux fortes charges, et dans les grands canons son pas serait rapidement endommagé.

En 1861, M. Alger, de Boston, prit un brevet pour un nouveau système de fermeture des canons. Une sphère, portée par un axe, est contenue dans une cavité de même forme, où s’abouchent : d’une part l’âme de la pièce, et d’autre part un canal cylindrique pratiqué dans l’intérieur d’une large vis, et suivant la prolongation de l’âme. La sphère est percée d’un canal pouvant faire communiquer l’âme avec l’intérieur de la vis. Le levier porté par l’extrémité de l’axe de la sphère donne à celle-ci les mouvements de rotation, qui interceptent ou rétablissent le passage. La vis a pour utilité de presser la sphère dans son logement pour mieux boucher le fond de l’âme.

La construction de ces différentes pièces est délicate, leur prix de revient élevé ; en outre, le fond de l’âme, formant un angle rentrant, produit une disposition éminemment favorable à l’action désorganisatrice des gaz de la poudre, et ne permet que bien difficilement l’usage d’une soupape quelconque.

La plupart des canons dont nous avons parlé jusqu’ici dans ce chapitre, n’avaient rien de remarquable que leur mode de chargement par la culasse. Il en est tout autrement des canons de sir William Armstrong.

Les premiers canons de sir William Armstrong se chargeaient par la culasse ; mais c’était là peut-être la particularité la moins importante de son système. Ce qui distingue la nouvelle artillerie que le gouvernement anglais fit établir sur les instances et sous la direction suprême de sir William Armstrong, c’est que tout avait été innové ou modifié : le mode de chargement, la rayure, la forme des projectiles, et surtout le mode de fabrication des