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leures, et qu’elles ont été conservées pour les pièces de siége jusqu’à nos jours, c’est-à-dire jusqu’à l’apparition des canons rayés.


CHAPITRE XIV

canon suédois. — artillerie de frédéric le grand. — le général gribeauval réforme l’artillerie française. — son système. — pièces de siége, de campagne, de place et de côte. — invention de la prolonge pour l’attelage des bouches à feu. — la manœuvre de la bricole. — affûts des pièces de campagne, de place et de côte. — grain de lumière. — mortiers à la gribeauval. — mortier à la gomer.

Nous venons de voir qu’au milieu du xviiie siècle, l’artillerie européenne avait appris à tirer les bombes à un seul feu. Nous avons dit également que l’on réussit bientôt à appliquer aux obus la même méthode : on tourna l’étoupille du côté de la volée, laissant aux gaz de la poudre le soin d’enflammer la fusée de l’obus. Dès lors, l’usage des obus se répandit dans les guerres de siége, comme dans les différents engagements, et le projectile creux ne tarda pas à jouer un grand rôle sur les champs de bataille.

L’artillerie de campagne tendait à devenir de plus en plus mobile. En France, la question des affûts ne laissait pas que d’embarrasser. Elle était depuis longtemps mise à l’étude pour les pièces de petit calibre, lorsqu’on eut l’idée d’adopter le modèle suédois.

L’origine de la fameuse petite pièce suédoise, qui n’est autre chose que le canon français actuel, est inconnue. Il est probable cependant que Charles XII en fît usage dans ses expéditions. Elle était du calibre de 4, avait 17 calibres de longueur d’âme, et pesait 300 kilogrammes, ou 180 fois le poids du boulet.

Fig. 279. — Coupe verticale d’un des flasques de l’affût du canon suédois.

Son affût était fait de deux flasques divergeant un peu vers la crosse, réunis par trois entretoises. La figure 279 montre le côté interne de l’un de ces flasques, ABC. Le pointage s’effectuait grâce à une vis de fer, DE, qu’on manœuvrait à l’aide d’une manivelle, qui traversait l’entre-toise servant à rattacher les deux flasques. C’est ainsi que l’on soulevait ou abaissait la pièce, qui portait sur cette vis par l’intermédiaire d’une planchette ab.

Le canon suédois et son affût sont tellement commodes qu’après avoir été adopté pour l’artillerie de Louis XIV, ce modèle a été conservé jusqu’à notre époque, c’est-à-dire jusqu’à l’apparition des canons rayés.

Il eut quelque peine cependant à se faire adopter en France. Ses heureuses proportions auraient dû frapper tous les esprits, et du premier coup le faire choisir parmi tous les modèles proposés. Il n’en fut rien. On lui reprochait la grandeur de son affût, qui donnait, disait-on, trop de prise aux coups de l’ennemi ; le poids de ce même affût et de l’avant-train (celui-ci était à timon), qui devaient rendre la manœuvre pénible. On lui supposait un grand nombre d’autres défauts,