Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/395

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Fig. 277 et 278. — Mortier de l’artillerie de Louis XIV (système De Vallière.)


mais ils ne portaient pas de guidon. Les tourillons étaient placés de manière à ne laisser à la culasse que le moins de prépondérance possible. Les ornements qui décoraient ces pièces venaient de fonte, et étaient, d’ailleurs, remarquables par leur beauté et leur netteté. Ils renfermaient les armes du roi et celles du duc du Maine, alors grand maître de l’artillerie. La culasse portait le soleil de Louis XIV et sa devise : Nec pluribus impar. Sur la volée se lisait une seconde devise, de sinistre signification : Ultima ratio regum (la dernière raison des rois).

De l’écu des armes du roi, jusqu’à la lumière, était creusée une gouttière, destinée à renfermer la traînée de poudre d’amorce. La lumière des canons de 24 et de 16, et du mortier de 12 pouces, était faite d’un grain de cuivre rouge « pur rosette bien couroyée »[1], ayant la figure d’un tronc de cône renversé. L’introduction du grain de lumière dans les pièces réglementaires était un progrès, sinon une innovation.

La lumière, comme le montre la coupe donnée par la figure 276 aboutissait dans un prolongement de l’âme en forme de petite chambre. Cette disposition avait pour but d’augmenter la longueur de la lumière, afin de retarder son évasement et sa destruction par l’effet du tir. On ne savait pas encore remplacer le grain hors de service par un grain métallique de rechange.

Les figures 277, 278 représentent le mortier réglementaire du temps de Louis XIV, L’âme est étranglée dans la partie qui reçoit la charge de poudre ; nous verrons que cette disposition ne fut pas conservée.

Le poids et les longueurs des pièces étaient, à très-peu près, proportionnels aux calibres. La plus légère en volume relatif était le canon de 24, qui pesait 225 boulets ; et la plus lourde, le canon de 4, qui pesait 280 boulets.

Le vent fut aussi fixé pour chaque calibre, mais les moyens de fabrication des boulets ne permettant pas une grande exactitude, on ne put éviter une certaine variation dans les diamètres des projectiles.

Les procédés pour la fonte des pièces étaient dès ce moment suffisamment précis et uniformes, pour que les dimensions établies par l’ordonnance de 1732, fussent suivies partout.

De Vallière eut le mérite de fixer avec tant de justesse les proportions de ses canons, qu’elles ont toujours été considérées comme les meil-

  1. Ordonnance royale du 7 octobre 1732.