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bouche à feu fût presque en équilibre sur l’essieu, en présentant seulement une faible prépondérance du côté de la crosse. Il le fallait pour deux raisons : afin que l’on pût soulever facilement la crosse pour le pointage dans les cas d’insuffisance du coin, et pour que dans la marche le cheval limonier ne fût pas trop chargé.

Le centre de gravité de tout l’appareil se trouvait donc un peu en arrière de l’essieu, et au-dessus, à une hauteur variant avec la hauteur des tourillons. Or, quand la crosse était abaissée, dans une descente, par exemple, le centre de gravité décrivait un arc de cercle autour de l’essieu pris comme centre, une partie du poids passait du côté du cheval, et sa charge en était augmentée. À la montée, l’effet inverse su produisait, le limonier était moins chargé.

Il était souvent nécessaire pour les grosses pièces, que ces différences de poids ne fussent pas considérables ; il fallait que les arcs décrits par le centre de gravité fussent courts. On y arrivait de deux façons dans la construction des affûts ; en allongeant la crosse, et en ne plaçant pas les tourillons à une hauteur trop grande au-dessus de l’essieu. Les dessins des affûts de cette époque montrent qu’on s’était attaché à satisfaire à ces deux conditions.

Le canon de trente-trois de cette époque, moins lourd que notre canon de vingt-quatre, était traîné par vingt et un chevaux, tandis que le nôtre n’en demande que huit.

La figure 235 donnera une idée suffisante de l’attelage de l’artillerie sous Louis XIII.

Fig. 235. — Attelage d’une pièce de 7, sous Louis XIII.

La pièce du calibre de 7 seulement, était traînée par onze chevaux et un limonier.

Nous aurons terminé cette étude des affûts de la deuxième période de l’histoire de l’artillerie, quand nous aurons mentionné les affûts allemands de la seconde moitié du xvie siècle. Ils sont remarquables par leur ornementation et leur solidité, mais surtout par une disposition qu’on chercherait vainement parmi les autres artilleries.

La figure 236 représente un canon allemand se chargeant par la culasse, grâce à un système de fermeture dont les détails se comprennent à la seule inspection de la figure. On remarque une série de tiges en fer articulées, formant comme une chaîne tendue entre le bout de l’essieu de la roue, et la partie externe de la crosse de la bouche à feu.

Diverses opinions ont été émises touchant l’utilité de ces petites tringles. Peut-être ne servaient-elles que d’ornement. Cependant, parmi les opinions diverses qui ont été émises, il en est une qui paraît vraisemblable. La chaîne sert, au moment du recul, à communiquer au petit bout de l’essieu le mouvement que les flasques communiquent suffisamment à son milieu, et à empêcher que dans ce mouvement subit l’essieu ne se gauchisse, et que les plans des roues ne viennent à converger à la partie antérieure.