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Fig. 231. — Affût à flasques des pièces d’artillerie des six calibres de France.

Cet entre-toise, taillé à son sommet en pans obliques, donnait un point d’appui, quand il s’agissait de soulever la culasse pour glisser une pièce de bois taillée en biseau, qui se nommait le coin de pointage. Le système de pointage au moyen d’un coin glissé sous la bouche à feu, valait mieux que le coin à crémaillère, mais il était inférieur de beaucoup à la vis de pointage. Ce fut à peu près le seul système mis en usage, jusqu’à ce que la vis eût prévalu.

Tel était l’affût de bois et à roues que portaient les bouches à feu des six calibres de France.

Après cette époque, il faut arriver jusqu’à Louis XIII pour trouver quelques modifications dans l’artillerie ; encore ces modifications ne furent-elles pas toutes des progrès. Pourtant, dans cet intervalle, avait pris naissance la remarquable artillerie des Pays-Bas, dont nous parlerons au commencement de la troisième période, et que les autres nations de l’Europe ne surent même pas imiter.

Les six calibres de France avaient été conservés après François Ier ; mais un grand nombre de pièces hors des calibres réglementaires avaient été construites. Tel était par exemple un double canon, lançant un boulet de plus de sept pouces de diamètre, tandis que le canon, la plus grande des pièces réglementaires de François Ier, n’avait qu’un boulet de six pouces de diamètre. Cette innovation ne marquait pas absolument un progrès, puisque l’art du fondeur, depuis quelque temps déjà, pouvait produire des pièces beaucoup plus grosses, et que les grosses pièces n’étaient plus d’une grande utilité à cette époque où la mobilité de l’artillerie était une condition de première importance.

Outre cette confusion des calibres, les artilleurs français avaient fait une autre faute ; ils avaient reporté le tourillon à la hauteur de l’axe de la pièce. Ce changement arriva sans qu’on puisse l’expliquer par des ordonnances quelconques ; ce qui semblerait indiquer une certaine désorganisation dans les services militaires.

Ces faits et les renseignements qui vont suivre, sont contenus dans un ouvrage composé par le capitaine Vasselieu, dit Nicolay Lionnais, et dédié au frère de Louis XIII. Ce livre, qui est conservé à notre Bibliothèque impériale, contient de très-beaux dessins relatifs au matériel de l’artillerie sous Louis XIII.

Il est à remarquer que tous les canons figurés par Vasselieu présentent, près de la lumière, certains reliefs destinés à attacher le couvre-lumière, lequel pouvait cacher cette ouverture ou la découvrir suivant les besoins du service.

La figure 232, que nous empruntons à l’ouvrage du général Favé, et qui est tirée de l’ouvrage original de Vasselieu, représente le canon français du temps de Louis XIII sur son affût. Autour de la volée s’enroule la corde, qui, attachée à l’avant du flasque gauche, servait à traîner la pièce sur le champ de bataille. Autour du canon se voient fixés les différents leviers à l’aide desquels les artilleurs soulevaient la pièce