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sous les types de 4 calibres de l’artillerie de Charles-Quint. Ce sont les canons de 40, de 24, de 12, de 6.

Pièce de 40. Pièce de 24. Pièce de 12. Pièce de 6.
Fig. 217 à 220. — Calibres de l’artillerie de Charles-Quint.

Le canon de 40 (c’est-à-dire lançant un boulet de fonte du poids de 40 livres) avait une longueur de 12 pieds et pesait 6 210 livres, c’est-à-dire 155 fois le poids du boulet.

Les autres pièces de calibre moindre, s’appelaient couleuvrine, sacre et fauconneau. Sur la culasse de tous, on peut lire les mots : Opus Gregory Lofler avec les colonnes et la devise Plus oultre.

Fig. 221. — Mortier de l’artillerie de Charles-Quint.

Le mortier (fig. 221) n’avait pas d’anses, mais seulement un anneau à la culasse.

C’est donc à Charles-Quint qu’appartient le mérite d’avoir fondé l’unité des bouches à feu.

Grâce à toutes ces modifications, l’artillerie allemande et l’artillerie espagnole avaient reçu un degré de perfectionnement remarquable. Aussi, lors de la campagne de France, l’ambassadeur de Venise, B. Navagero, écrivait-il que l’artillerie de Charles-Quint était « la plus légère, la meilleure et la plus belle qu’on eût jamais vue. »

Pendant ce temps, l’artillerie italienne restait à peu près stationnaire. Elle ne suivait le progrès qu’avec timidité, n’adoptant les améliorations que longtemps après leur mise en pratique chez les autres nations militaires.

Tant que les canons avaient été fabriqués avec des barres de fer forgé, les communes avaient pu suffire à leurs armements d’artillerie. À cette époque, les rois, plus pauvres que les villes, étaient obligés de leur emprunter leurs bombardes pour faire la guerre. Mais, par suite des événements et des transformations politiques, tout devait changer de face, et les deux conditions être complétement renversées. Les communes, privées peu à peu de leurs priviléges, n’avaient même plus le droit de fondre leurs bouches à feu. Les souverains s’étaient enrichis, pendant que les communes s’appauvrissaient ; et comme la construction des nouvelles bouches à feu exigeait des frais énormes, les princes des grandes nations guerrières pouvaient seuls entreprendre ces dispendieuses