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Fig. 214. — Bombarde italienne au xve siècle.


nombre, éclatent plus souvent à cause de la nature de cette matière ; en cuivre ou en fer, elles ne se brisent que par un accident ou défaut de fabrication. »

Fig. 215. — Mortier italien du xve siècle.

Notons pourtant que le plus grand nombre des bombardes étaient coulées en bronze de l’aveu même de l’auteur, lequel avait donc une autre opinion que ses contemporains, relativement à la résistance de l’alliage alors usité.

L’Italie ne fut pas cependant la première à entrer dans la nouvelle voie ; ce fut l’artillerie du roi de France, Charles VIII, qui, avant toute autre, réussit à lancer de gros boulets de fonte, et sut allier dans les pièces de canon, une légèreté remarquable à une puissance jusque-là inconnue.

Louis XI, prédécesseur de Charles VIII, avait une artillerie nombreuse et redoutable. Les documents qui la concernent nous font défaut, mais tout indique qu’elle devait ressembler à celle de son contemporain et rival, Charles-le-Téméraire. L’histoire a seulement conservé le nom de douze bombardes, que Louis XI avait nommées les 12 pairs de France.

Les pairs de France lançaient des boulets de fonte, du poids de 48 livres, c’est-à-dire à peu près de la grosseur de la tête d’un homme. Ces bombardes parurent pour la première fois, en bataille, à Montlhéry. L’une de ces grosses pièces fut prise par l’ennemi, dans cette journée.

Louis XI légua son artillerie à Charles VIII, et ce monarque s’attacha, de toutes ses forces, à l’augmenter et à la perfectionner.

Paul Jove et les autres auteurs qui ont raconté la campagne de Charles VIII en Italie, disent combien furent grandes l’admiration et la terreur des Italiens à la vue des canons français. Une canonnade de quelques heures suffisait à faire crouler les murailles des forteresses qui essayaient la résistance, et les villes terrifiées « par le bruit des bombardes », s’empressaient d’ouvrir leurs portes au vainqueur.

Charles VIII laissa une grande partie de ses canons à Naples, dans le Château-Neuf et le Château de l’Œuf, ainsi que dans quelques autres villes de l’Italie. À son retour en France, dégoûté de la guerre, le roi fit don des pièces qui lui restaient à la ville de Lyon, pour en fondre des cloches.

Fig. 216. — Petit canon de l’artillerie de Charles VIII.

Aucun dessin de cette artillerie formidable n’est parvenu jusqu’à nous. On n’en connaît qu’une très-petite pièce qui se trouve au Musée d’artillerie de Paris, avec cette inscription : Donné par Charles VIII à Bartélemi, seigneur de Paris, capitaine des bandes de l’artillerie en 1490.