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de l’ennemi, les soldats employés aux travaux du siége. Le pavois est ici porté par deux hommes.

De cette époque aussi datent les fossés et les tranchées d’approche, suffisamment éloignés de la place pour être à l’abri du canon. Des soldats, protégés par leur casque et leur armure, se cachaient, dans des fossés semblables à celui qui est représenté dans le milieu de la figure 207. Ils devaient surveiller les assiégeants et repousser leurs sorties. Plus que dans les temps antérieurs, on avait à redouter les sorties, car l’armée assiégeante était, pour ainsi dire, divisée en deux parties, séparées par un long espace : celle qui travaillait aux bastions, et celle qui se tenait hors de la portée des projectiles. Or, les gens de la place pouvaient, dans leur sortie, détruire, en un instant, ces ouvrages importants, qui avaient coûté tant de peine, et enclouer les bombardes. Aussi l’assiégeant se fortifiait-il à son tour. Il construisait, dans le voisinage des ouvrages avancés, des fortins, qui reçurent le nom de bastilles.

Les bastilles étaient des ouvrages complétement fermés et entourés d’un fossé. Avec la terre retirée du fossé on formait un terre-plein, que retenait une palissade de pieux.

Fig. 208. — Bastille élevée par les Anglais près de Dieppe.

La figure 208, empruntée aux Monuments de la monarchie française, par Montfaucon, représente une partie d’une bastille que les Anglais élevèrent près de Dieppe. L’étendard anglais flotte près de la barrière ; les Français donnent l’assaut à ces fortins. Des échelles franchissant le fossé, vont s’appuyer sur le sommet de la palissade. On remarque au milieu un système particulier pour l’escalade : un chariot porté sur deux roues, au timon duquel des hommes faisaient contre-poids, pouvait s’avancer jusqu’à un bord du fossé, et lancer à l’autre bord une échelle, par laquelle montaient les soldats.

Souvent, au lieu de construire des bastilles, l’assiégeant se protégeait simplement par une sorte de boulevard de peu de longueur, formé de deux portions rectilignes réunies sous un grand angle. On nommait ravelins les ouvrages de cette espèce.

À côté des grosses bombardes qui battaient la place, l’assiégeant disposait toujours quantité de pièces de petit calibre, destinées à démonter l’artillerie qui garnissait les remparts de la ville assiégée. Elles protégeaient, en quelque sorte, les grosses bombardes qui faisaient l’effort principal.

Lorsqu’on n’avait pas de bombardes, ces bouches à feu jouaient le même rôle de protection à l’égard des trébuchets, qui remplaçaient les bombardes. Seulement, comme la portée des canons était plus grande que celle des trébuchets, on disposait, en général, les canons derrière les trébuchets, comme le représente la figure 206 (page 337). Dans cette figure, les trébuchets sont, à leur tour, placés derrière les chats-chas-