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entassait les terres soufrées. Les produits de la combustion du foyer et la presque totalité de sa chaleur se répandaient dans la chambre et l’échauffaient. Le soufre entrait en fusion et s’écoulait à l’extérieur. Mais une grande partie du soufre restait opiniâtrement mêlée à la terre, et n’en pouvait être séparée, ce qui occasionnait des pertes notables.

Fig. 151. — Appareil pour l’extraction du soufre des environs des volcans.

C’est à la solfatare de Pouzzoles, près de Naples, qu’on mit pour la premiére fois en usage le procédé d’extraction du soufre par distillation. Les appareils dont on se servait étaient de la plus grande simplicité. De grands pots de terre A, A′ sont disposés en plusieurs rangées parallèles, dans un four chauffé au bois (fig. 151). Aux couvercles bien lutés de ces vases, est adapté un tube c, c′, qui se rend dans un récipient semblable B, B′, placé au dehors du four. Quand la chaleur est suffisante, le soufre fond, puis distille. La vapeur passant par les tubes c, c′, se condense, à l’état liquide, dans le vase du dehors, et coule de là, par un tuyau, dans le baquet, où il se fige.

La solfatare située près de la ville de Pouzzoles, à deux lieues de Naples, est un cratère éteint, et aujourd’hui rempli de sable. Jusqu’au commencement de notre siècle on extrayait le sable de la solfatare, et on le distillait dans l’appareil figuré plus haut, pour en retirer le soufre, qui s’y trouve contenu dans la proportion de 20 à 30 pour 100. L’extraction du sable se faisait sur plusieurs points à la fois. On ne pouvait cependant creuser que jusqu’à une profondeur de dix mètres, à cause de la chaleur qui devenait alors insupportable pour les ouvriers.

L’extraction du soufre est complétement abandonnée aujourd’hui, à la solfatare de Pouzzoles. Le voyageur qui visite les curiosités sans nombre des environs de Pouzzoles, ne manque pas de se rendre à la célèbre solfatare. Il n’y voit plus, comme autrefois, des centaines d’ouvriers occupés à extraire le soufre des sables. La vaste enceinte du cratère est entièrement recouverte de joncs et d’herbes sauvages ; et la terre soufrée n’est plus recueillie que par quelques ouvriers solitaires, qui en fabriquent une sorte de stuc. Ce cirque immense, qui fut autrefois le théâtre d’éruptions volcaniques, qui plus tard devint un champ de travail industriel n’est donc maintenant qu’un désert. Le touriste n’y trouve qu’une sorte de cheminée volcanique encore fumante, d’où s’exhalent, avec bruit, des gaz, tels que l’acide carbonique, l’azote, l’hydrogène sulfuré et un peu de soufre en vapeur. On fait remarquer aux curieux que le sol résonne sourdement quand on y projette une pierre avec force ; ce qui prouve que la croûte qui forme le sol, recouvre d’anciennes cavités volcaniques.

Le soufre brut obtenu en Sicile, aux environs de l’Etna, ou recueilli à Pouzzoles, contient beaucoup d’impuretés, et surtout de la terre. On peut employer immédiatement ce soufre à la fabrication de l’acide sulfurique, mais il serait tout à fait impropre à la fabrication de la poudre et aux autres usages industriels. On le purifie complétement en le soumettant à la distillation. Le soufre étant