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qu’il attire l’humidité de l’air. Par cette absorption d’eau, il augmente de poids et devient moins combustible. Cette propriété n’est que trop souvent mise à profit par les marchands de charbon, qui le débitent contenant jusqu’à 35 et 40 pour 100 d’eau. C’est en raison du charbon qu’elle renferme, que la poudre est hygrométrique, c’est-à-dire absorbe l’humidité. Si on l’abandonne à l’air humide, elle est exposée à perdre de ses qualités.

Le charbon partage avec tous les corps poreux, la propriété, très-curieuse, d’accumuler, de condenser entre ses pores et d’emmagasiner d’énormes quantités de gaz : il peut en absorber jusqu’à 200 et 300 fois son volume. La mousse de platine, le corps le plus poreux que l’on connaisse, peut absorber 1200 fois son volume de gaz hydrogène, lequel se trouve soumis à l’intérieur du métal, à une pression de plus de 1200 atmosphères. Cette condensation se produisant d’une manière subite, développe une chaleur telle que, lorsqu’on introduit un fragment de mousse de platine dans le gaz hydrogène, en opérant en présence de l’air, l’hydrogène s’enflamme aussitôt, et l’on voit se produire ce curieux phénomène d’un gaz qui s’enflamme et détone par le simple contact d’un corps froid.

Le charbon condense les gaz avec moins de puissance que le platine ; mais il peut, lorsqu’il est récemment préparé, et réuni en grandes masses, absorber assez d’air pour s’échauffer et prendre feu spontanément. Peut-être l’hydrogène qui reste engagé dans ses pores, après sa préparation, concourt-il à cette action en s’enflammant et communiquant le feu à la masse. Quoi qu’il en soit, de nombreux et redoutables incendies ont été dus à l’inflammation spontanée du charbon destiné à entrer dans la préparation de la poudre, et ont amené l’explosion de poudrières, en divers pays.

La condensation des gaz par le charbon a pourtant, quand il s’agit de la poudre, un effet utile. Les gaz emmagasinés dans la poudre, se dégageant au moment de l’explosion, ajoutent leur effet à celui des autres gaz, et augmentent la puissance balistique de la charge.

Soufre. — Le soufre est un corps simple abondamment répandu dans la nature, surtout à l’état de combinaison. À l’état de corps simple, on le trouve mélangé à la terre autour des centres volcaniques. Il existe, à l’intérieur de différents terrains, combiné avec les métaux et formant des sulfures. Les plus importants de ces sulfures naturels, sont les pyrites, c’est-à-dire les sulfures de fer et de cuivre.

La presque totalité du soufre consommé en Europe, a été fournie jusqu’à l’année 1830, par le royaume des Deux-Siciles : les environs de l’Etna et la solfatare de Pouzzoles suffisaient à l’approvisionnement des marchés européens. Mais depuis cette époque, on s’est adressé aux pyrites naturelles, et même au plâtre, pour en extraire le soufre destiné aux besoins de l’industrie.

Le mode d’extraction du soufre, que l’on suivait, était le suivant. On réunissait en petits monticules, les terres soufrées recueillies aux environs de l’Etna, ou à la solfatare de Pouzzoles, et on y mettait le feu, par la partie supérieure, à l’aide d’une fascine préalablement trempée dans le soufre fondu et allumée. La combustion marchait lentement, échauffant les couches inférieures, lesquelles laissaient couler une partie de leur soufre ; ce soufre recueilli constituait le soufre brut. Ici, la matière à extraire servait elle-même de combustible, pour échauffer la masse et déterminer la liquéfaction du soufre.

À Girgenti (Sicile), fut imaginé et employé un procédé intermédiaire entre le précédent et le procédé par distillation, dont nous aurons à parler tout à l’heure. On bâtissait, avec de minces briques, une chambre, que l’on faisait communiquer, par une large conduite, avec un foyer. Dans cette chambre, on