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bouchon de paille, on soutire le liquide. Ce liquide (eaux faibles) est versé sur de nouveaux matériaux. Lorsqu’il s’est ainsi chargé d’une plus grande quantité de sels, il porte le nom d’eaux fortes. Quand elles ont servi à opérer un troisième lessivage d’autres matériaux, ces eaux (eaux de cuite) sont assez riches pour être traitées chimiquement.

Ces eaux contiennent surtout des azotates de chaux, de magnésie, de potasse, de soude et d’ammoniaque, du chlorure de sodium et du sulfate de soude. On y ajoute du carbonate de potasse, ou plus simplement une lessive de cendres de bois, qui contient une forte proportion de carbonate de potasse. Par la réaction du carbonate de potasse sur les azotates dissous dans l’eau, il se forme des carbonates, insolubles, de chaux et de magnésie, et la liqueur retient les azotates de potasse, de soude et d’ammoniaque résultant de cette réaction.

Fig. 144. — Chaudière à concentration pour l’extraction du salpêtre.

Après cette opération ces eaux chargées d’azotates de potasse, de soude et d’ammoniaque, sont portées dans de grandes chaudières de fonte, et on les chauffe jusqu’à l’ébullition. Pendant l’évaporation il se dépose des carbonates de chaux et de magnésie, ainsi que d’autres matières étrangères, ou des boues. Par les mouvements de l’ébullition ces boues sont amenées au centre de la chaudière. On les enlève continuellement à l’aide d’un chaudron suspendu à une chaîne, et que l’on manœuvre à l’intérieur du bain, au moyen d’un contre-poids, comme le montre la figure 144.

On active le feu, et, à mesure que le liquide diminue par l’évaporation, les sels qu’il renfermait encore se précipitent, dans leur ordre de moindre solubilité. Quand la concentration est arrivée à tel point que le salpêtre lui-même commencerait à cristalliser (ce que les ouvriers reconnaissent en mettant une goutte de la liqueur au contact d’un corps froid, et la goutte venant à se figer), on verse le liquide dans de grandes bassines de cuivre, nommées cristallisoirs. On agite le liquide, pendant son refroidissement, pour obtenir le nitre en petits cristaux.

Voilà comment s’obtient le salpêtre ordinaire du commerce. Ces opérations se pratiquent en France, dans les ateliers de l’industrie privée. Le sel ainsi extrait des matériaux nitrés, et qui renferme environ 25 pour 100 de matières étrangères, est vendu, par les salpêtriers, aux ateliers du gouvernement, qui se chargent de le raffiner, c’est-à-dire de l’amener à un état de pureté absolue, indispensable, quand on veut consacrer ce sel à la fabrication de la poudre.

Voici comment on procède, dans les ateliers du gouvernement, au raffinage du salpêtre.

Se fondant sur ce fait que la dissolution aqueuse saturée d’un sel, est apte à dissoudre certains autres sels, on débarrasse le salpêtre brut des azotates de magnésie et de chaux qu’il renferme, ainsi que du sel marin, en lavant ces cristaux avec une dissolution saturée de salpêtre. On remplit du sel à raffiner, la capacité supérieure d’une boîte, AB, à double