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Jean-Baptiste Porta, fit des recherches sur le même sujet. Porta a donné un dessin tellement complet et tellement exact des deux images séparées, telles que les voit chacun de nos yeux, et de l’image combinée qui vient se former par la superposition des deux premières, qu’on retrouve dans ce dessin, non-seulement le principe, mais encore la construction du stéréoscope.

MM. Alexandre Brown et John Brown ont retrouvé récemment au musée Wicar, à Lille, deux dessins, qui furent exécutés par Jacopo Chimenti da Empoli, peintre de l’école florentine, né en 1554, mort en 1640. Ce document prouve que le fait observé par J.-B. Porta, avait beaucoup frappé ses élèves et ses continuateurs dans l’ordre des sciences et des arts. Toutefois les ouvrages postérieurs ne disent rien de précis sur le même sujet.

Dans son Traité d’optique, publié à Anvers, en 1613, François Aiguillon rappelle que J.-B, Porta eut connaissance de la vision binoculaire d’images distinctes.

Depuis le dix-septième siècle jusqu’à nos jours, plusieurs savants, parmi lesquels nous citerons Gassendi, Harris et le docteur Smith, émirent des opinions assez diverses sur cette question, c’est-à-dire pour expliquer le fait de la vision simple d’un objet par deux yeux.

M. de Haldat, savant physicien de Nancy, qui s’est beaucoup occupé des phénomènes de la vision, a, le premier, étudié expérimentalement les effets de la vue simultanée de deux objets, de forme et de couleurs dissemblables. Mais il ne construisit aucun instrument propre à mettre ce principe en évidence.

En 1834, un physicien écossais, Elliot, eut l’idée d’un instrument destiné à faire voir simultanément deux images dissemblables, produisant la sensation du relief ; mais il n’exécuta cet instrument que trois ans après, c’est-à-dire en 1839, après la découverte de M. Wheatstone.

C’est en 1838, que parut le premier stéréoscope. M. Wheatstone, physicien anglais dont nous avons exposé les travaux dans la notice sur le télégraphe électrique, présenta à cette époque, à l’Association britannique pour l’avancement des sciences, son Mémoire sur la physiologie de la vision. M. Wheatstone soumit à cette société savante, à l’appui de ses théories, un instrument qu’il nommait stéréoscope, et qui avait pour but de démontrer que la superposition des deux images planes et dissemblables qui se forment sur la rétine de chacun de nos yeux, produit la sensation du relief

On ne saurait donc contester à M. Wheatstone l’honneur de l’invention qui nous occupe.

Dès 1832, H. Mayo avait, il est vrai, publié, dans la troisième édition de ses Outlines of human physiology, quelques idées théoriques très-justes sur cette question ; mais, pas plus que les autres savants qui avaient écrit sur le même sujet, il n’avait construit un instrument qui démontrât par l’expérience l’exactitude de ces vues.

L’instrument tel qu’il sortit des mains de M. Wheatstone, était un stéréoscope à réflexion : les deux images se formaient sur deux miroirs plans. Excellent pour démontrer le principe de la superposition des images, cet appareil était volumineux et embarrassant ; il était loin de réunir toutes les conditions de simplicité qui devaient en faire un instrument d’amusement à la portée de tout le monde.

L’inventeur le comprit lui-même ; aussi chercha-t-il à perfectionner son appareil. Il fit plusieurs essais pour transformer son stéréoscope à réflexion en un stéréoscope à réfraction, c’est-à-dire pour substituer des prismes réfracteurs aux miroirs employés pour former les deux images ; mais il ne put y parvenir.

L’honneur de la découverte du stéréoscope à réfraction, c’est-à-dire de l’instrument qui est actuellement entre les mains de tout le monde, appartient à un physicien anglais,