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La planchette photographique de M. Chevallier se compose essentiellement d’une chambre noire, placée sur une planchette pareille à celle qu’on emploie dans le levé des plans. Cette chambre noire est mobile autour d’un axe vertical. L’objectif peut, de cette façon, faire un tour complet, c’est-à-dire se placer en regard de tous les points de l’horizon.

La partie optique de l’appareil est formée d’un prisme à réflexion totale, qui renvoie l’image des objets extérieurs sur la planchette. On interpose sur le passage des rayons lumineux venant du prisme, une lentille convexe, qui, en diminuant la divergence de ces rayons, permet d’obtenir des images plus nettes.

On adopte quelquefois une autre disposition. C’est la lentille convergente qui se trouve en regard de l’horizon et qui donne une image des objets extérieurs. Cette image est alors reçue sur un miroir incliné à 45 degrés, qui renvoie les rayons verticalement sur la planchette où se forme l’image définitive. Si l’on place sur la planchette une feuille de papier ou une feuille de métal, sensibilisée par un sel d’argent, les images viennent s’y imprimer d’une façon permanente.

Mais si l’on se contentait de faire tourner l’objectif pour fixer les différents points de l’horizon, les images que ces divers points formeraient, se superposant et persistant sur la plaque sensible, amèneraient une entière confusion. M. Chevallier par un ingénieux artifice a écarté cet obstacle. Voici en quoi consiste cet artifice : la glace collodionnée sur laquelle se forment les images, a une forme concave, elle est recouverte entièrement par un écran opaque, dans lequel on a pratiqué une fente très-étroite, s’étendant également de part et d’autre du plan vertical contenant l’axe optique et l’axe de rotation. Par cette disposition on ne laisse passer que les rayons lumineux venant des objets situés dans le plan vertical ; et l’on n’obtient alors que des images distinctes et séparées des objets que vient envisager successivement l’objectif.

En faisant tourner le système optique autour de son axe, la plaque sensible restant fixe, on peut donc obtenir une série de tableaux partiels dont l’ensemble constitue une sorte de panorama de la localité.

Nous ne saurions donner ici les détails des opérations nécessaires pour exécuter le levé d’un plan au moyen de la planchette photographique. Les personnes qui désireraient des explications plus étendues et plus complètes, pourront consulter les traités techniques de MM. Benoît, d’Abbadie, Jouart, etc., où la question se trouve traitée.

L’appareil de M. Chevallier peut rendre de nombreux services aux ingénieurs et aux officiers du génie. Il permet d’effectuer la reconnaissance d’une contrée, de tirer des plans, d’obtenir les dimensions d’un édifice accessible ou non, de faire les études pour le tracé des routes et des canaux, pour l’hydrographie, etc. Ces opérations si diverses nécessitaient autrefois autant d’instruments distincts.

Indépendamment de ses avantages sous le double rapport de la promptitude et de la précision, ce nouveau système permettant d’obtenir avec l’image photographique négative autant d’épreuves positives qu’on le désire, on peut mettre simultanément à la disposition de divers opérateurs les vues que l’on a ainsi obtenues.

Ces vues, non-seulement conservent aux objets leurs dispositions relatives, mais encore font connaître la configuration du sol, la nature des cultures et des constructions, en un mot une foule de détails que le lever ordinaire des plans laisse ignorer.

Avec quelques modifications fort simples, la planchette photographique peut servir à reproduire les divers épisodes, presque simultanés, d’une action générale se passant autour de cet instrument. Une bataille, un engagement, le passage d’un fleuve par une armée, en un mot, tous les incidents d’une campagne