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mise en rapport avec les rouages qui font dérouler le papier chimique d’une manière uniforme, on pourra déterminer ainsi l’heure à laquelle s’est produite l’impression lumineuse sur le papier sensible, et par conséquent, l’heure du passage de l’astre au méridien.


La figure 96 (page 149) représente la lunette méridienne de l’Observatoire de Paris. C’est près de l’objectif, c’est-à-dire du petit levier circulaire A, que devrait se placer, au moyen de dispositions spéciales, le papier photographique.

Hâtons-nous de dire pourtant que ce n’est là qu’une vue presque entièrement théorique, car on n’a pu réussir jusqu’ici à exécuter convenablement cette opération. La cause de cet insuccès tient au très-faible pouvoir photogénique des planètes. Tandis que les étoiles fixes laissent sur les papiers sensibles une impression très-nette, et qui se fait avec une grande rapidité, les planètes ne laissent qu’une traînée peu appréciable. La photographie n’a donc pu, jusqu’à ce jour, justifier sa prétention de remplacer l’œil de l’observateur pour noter les instants des passages des astres au méridien.

Reproduction photographique des étoiles et des planètes. — Plusieurs astronomes étrangers, MM. Bond, Crookes, Warren de la Rue, Hartnup, Hodgson, le P. Secchi, se sont distingués, de nos jours, par les résultats admirables auxquels ils sont parvenus, en fixant, au moyen des procédés photographiques, l’image amplifiée des corps célestes, et en dévoilant, dans l’aspect de ces astres, des particularités qui auraient échappé aux plus puissants instruments de vision.

Pour reproduire les astres par la photographie, on peut se servir de la lunette astronomique ou du télescope. Il est essentiel de rappeler ici la différence entre ces deux instruments d’observation céleste.

La lunette astronomique permet d’examiner les astres à travers des verres grossissants, c’est-à-dire au moyen d’un objectif et d’un oculaire, qui produisent une image amplifiée de l’astre lointain. Dans les télescopes, les astres sont vus simplement par la concentration sur un miroir concave, de leurs rayons lumineux, qui viennent former, au foyer du miroir, une image de cet astre. Cette image formée au foyer du miroir, on la regarde avec un simple verre grossissant. La lunette astronomique et les télescopes sont employés tour à tour dans les observatoires astronomiques, selon les phénomènes à étudier.

La lunette astronomique a rarement servi à photographier les corps célestes ; ce n’est guère que pour les photographies du soleil qu’on en fait usage. C’est que l’objectif d’une lunette astronomique est la cause d’une dépense considérable, et que, d’autre part, l’achromatisme de ces lunettes, excellent pour les effets optiques, n’est pas calculé pour les effets chimiques, car l’achromatisme n’existe pas, par exemple, pour les rayons bleus et violets. On peut, au contraire, construire, sans trop de frais, un télescope à réflexion, surtout depuis que Steinheil nous a appris à substituer au miroir métallique un simple miroir de verre argenté, et que Léon Foucault a popularisé ce nouveau télescope en donnant le moyen de travailler facilement le verre concave et de l’argenter, ainsi qu’en perfectionnant son oculaire. Il faut ajouter que le télescope à réflexion n’a point de foyer chimique, ou si l’on veut, que son foyer chimique coïncide avec son foyer optique ; de sorte que la mise au point ne présente aucune difficulté. Sauf les exceptions que nous aurons à signaler plus loin, le télescope à miroir de verre argenté, ou télescope de Foucault, est donc l’appareil que les physiciens préfèrent pour photographier les corps célestes. La grande quantité de lumière réunie au foyer par un miroir de 30 à 60 centimètres de diamètre, permet de donner aux images une grande netteté.

Le télescope de Foucault n’est pas d’ordinaire monté équatorialement ; il est indispen-